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- CXLI-

Munafullay, Munakullay: Le meme effet se produirait si le mot se

terminait par U. Ainsi l'U de Rikuy devient U si l'on ajoute un suffixe

d'une syllabe, et redevient U si l'on ajoute deux syllabes Ex. : Rikuna,

Rikunallay; Rikur1y, Riknrillay; Rikufuy, Rikuhillay. Si nous ajoutons

encore un ou plusieurs suffixes aux exemples précédents, ces memes

changements de voyelles se continueront, ainsi qu'on peut s'en

convaincre en examinant les exemples tirés de Misk1, que nous avons

donnés au sujet de l'agglutination.

Ce procédé, qui constitue le rhythme de la langue quechua, dont toute

la cadence est basée sur ces changements de voyelles, n'est pas entie–

rement étranger

a

nos langues européennes : en espagnol, par exemple,

dans les mots

Sesudo, Peprto, Casucha,

dérivés de

Seso, PepE

et

CasA,

ces changements apparaissent clairement.

Le frangais

nc:~us

en présente aussi beaucoup d'exemples, comme

{igu–

rxne

de

figurE, JeannEtte

de

JeannE, sAlé

de

sEl, nASal

de

nEZ, AmAbilité

d'Aimable,

et d'autres.

L'italien, l'anglais et l'allemand ne nous en fourniraient pas moins,

, mais quoique ces accidents entrent pour quelque chose dans le rhythme

de ces langues, ils n'en forment pas, comme en quechua, la partie

essentielle, ce qui est d'ailleurs tres-naturel dans une langue agglutina–

tive, ou un seul accent ne saurait suffire pour constituer le rhythme

d'un mot de douze

a

quinze syllabes, par exemple, et ou ces change–

ments symétriques forment une espece d'ondulation qui facilite la pro–

nonciation de ces longs mots en y évitant la monotonie.

Garcilaso, qui ne pouvait pas_concevoir un autre rhythme que celui

des accents, et qui était en arriere des progres faits de nos jours par la

philologie, s'exprime ainsi; "Pour accentuer les mots (quechuas),

il

faut remarquer qu'ils ont l'accent presque toujours sur l'avant-derniere

syllabe, et tres rarement sur l'antépénultiene, inais absolument jamais

sur la derniere syllabe (

1 )."

Si l'on considere que meme de nosjours les

explications que nous avons données sur ce point ne seront peut-6tre

pas admises sans contestation par tous ceux qui s'occupent de la langue

des Incas et d'autres langues qui leur sont étrangeres, et qu'ils veulent

assujettir bon gré mal gré aux regles des langues latines, on ne sera

pas étonné que Garcilaso explique ·d'une maniere si naive ce qu'il

appelle l'accentuation de la langue quechua.

( 1 )

Los Comentarios .Beales.

ADVERTENCIAS ACEI\CA DE LA LIDIGUA GENERAL DEL

PERu. (Chap. non·numéroté en

téte

de l'ouvrage.)