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Munafullay, Munakullay: Le meme effet se produirait si le mot se
terminait par U. Ainsi l'U de Rikuy devient U si l'on ajoute un suffixe
d'une syllabe, et redevient U si l'on ajoute deux syllabes Ex. : Rikuna,
Rikunallay; Rikur1y, Riknrillay; Rikufuy, Rikuhillay. Si nous ajoutons
encore un ou plusieurs suffixes aux exemples précédents, ces memes
changements de voyelles se continueront, ainsi qu'on peut s'en
convaincre en examinant les exemples tirés de Misk1, que nous avons
donnés au sujet de l'agglutination.
Ce procédé, qui constitue le rhythme de la langue quechua, dont toute
la cadence est basée sur ces changements de voyelles, n'est pas entie–
rement étranger
a
nos langues européennes : en espagnol, par exemple,
dans les mots
Sesudo, Peprto, Casucha,
dérivés de
Seso, PepE
et
CasA,
ces changements apparaissent clairement.
Le frangais
nc:~us
en présente aussi beaucoup d'exemples, comme
{igu–
rxne
de
figurE, JeannEtte
de
JeannE, sAlé
de
sEl, nASal
de
nEZ, AmAbilité
d'Aimable,
et d'autres.
L'italien, l'anglais et l'allemand ne nous en fourniraient pas moins,
, mais quoique ces accidents entrent pour quelque chose dans le rhythme
de ces langues, ils n'en forment pas, comme en quechua, la partie
essentielle, ce qui est d'ailleurs tres-naturel dans une langue agglutina–
tive, ou un seul accent ne saurait suffire pour constituer le rhythme
d'un mot de douze
a
quinze syllabes, par exemple, et ou ces change–
ments symétriques forment une espece d'ondulation qui facilite la pro–
nonciation de ces longs mots en y évitant la monotonie.
Garcilaso, qui ne pouvait pas_concevoir un autre rhythme que celui
des accents, et qui était en arriere des progres faits de nos jours par la
philologie, s'exprime ainsi; "Pour accentuer les mots (quechuas),
il
faut remarquer qu'ils ont l'accent presque toujours sur l'avant-derniere
syllabe, et tres rarement sur l'antépénultiene, inais absolument jamais
sur la derniere syllabe (
1 )."
Si l'on considere que meme de nosjours les
explications que nous avons données sur ce point ne seront peut-6tre
pas admises sans contestation par tous ceux qui s'occupent de la langue
des Incas et d'autres langues qui leur sont étrangeres, et qu'ils veulent
assujettir bon gré mal gré aux regles des langues latines, on ne sera
pas étonné que Garcilaso explique ·d'une maniere si naive ce qu'il
appelle l'accentuation de la langue quechua.
( 1 )
Los Comentarios .Beales.
ADVERTENCIAS ACEI\CA DE LA LIDIGUA GENERAL DEL
PERu. (Chap. non·numéroté en
téte
de l'ouvrage.)