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insisté sur ce point, c'est précisément en vue de la conclusion que nous
tirons ici) ; qui croirait, disons-nous; que les grammairiens représen–
tent le cas nominatif par le radical quechua, sans y ajouter aucune dési–
nence
~
Nous pourrions appliquer la meme observatíon a tous les autres
cas de la déclinaison.
L'agglutination, dans la conjugaison des verbes, ne présente pas
moins de diflicultés, quoiqu'il n'y ait pas en quechua de verbes irrégu–
liers : car l'infinitif, qui n'est que le substantif exprimant l'idée abstraite
de l'action, auquel on ajoute la désinence
y,
prend une ou plusieurs
partículas pour donner au verbe· les d!vers caracteres que dans nos
langues nous désignons par les adjectifs
transitif, intransitif, réfiéchi,
réciproque,
etc. Ainsi Munay,
aimer,
est transitif; Munaskay, qui est
quelquefois transítif, est généralement intransitif, et pourrait se tra–
duire par
¿tre amoureux;
Munakuy,
s'aimer
soi-m~e,
a le sens
réfiéchi; et Munapakuy,
s'aimer l'un l'autre, s'entr'aimer;le
sei,lS réci–
proque. Cette particule paku, ainsi que les précédentes, a d'ailleurs plu–
sieurs autres significations. Il y a ancore d'autres particules qui don–
nent a l'lnfinitif diversas nuances que nous exprimons dans nos langues
au moyen des auxiliaires ou de plusieurs -yerbas combinés, ou meme
d'adverbes. Aínsí Munafuy veut dire
{aire aimer;
Munar1y, littérale–
ment
aller aimer,
exprime l'idée
d'¿tre en train de devenir amoureux;
Munallay
sst
une sorte de díminutif verbal, dont il est impossible de
trouver un équívalent en frangais pour
aimer,
mais dont il y a des
exemples pour certains autres verbes, comme
vivoter
dérivé de
vivre.
En quechua, tous les
verb~s
sont susceptibles de recevoir la particule
lla, aussi bien que les autres : par exemple Takillay, dérivé de Tak1y,
chanter,
veut dire
chantonner;
Uhyallay, dérivé d'Uhyay,
boire·,
veut
dire
buvoter
:
ftiwillay, dérivé de ftiw1y,
si{fier,
veut dire
si{fioter,
etc.
Il faut bien avouer toutefois que la traductíon que nous donnons de ces
verbes n'est pas rígoureusement 'exacte: car
i1
y a la des nuances quí
ne peuvent etre saisíes que par ceux quí sont natifs du pays, et dont on
ne pourraít donner une ídée que par de longues périphrases. Le vraí
sens de Munallay, par exemple, est
aimer légerement, sans consé–
quence, avoir une amourette.
· Plusieurs de ces particules peuvent naturellement
· ~.e
combinar en–
semble: ainsí Munarikuskallay, ou se trouvent réunies les partículas ri,
ku, ka et lla, dont nous avons expliqné les valeurs respectivas, et qui
précedent toujours la terminaison
y
de l'infinitif, voudraít dlre
¿tre en