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- CXXXI -

Si la tAche du traducteur est toujours difficile, elle ne l'estjamais tant

que quand

il

s'agit de rendre un ouvrage

~crit

dans une langue fonciere–

ment différente de CQlle dans laquelle on traduit. La méthode générale–

ment suivie dans ce cas, consistant

a

s'attacher surtout au sens Jittéral

des mots, laisse beaucoup

a

désirer: car

il

est évident que pour rendre

le sens des proverbes, des métaphores, des acceptions figurées et des

locutions particulieres d'une langue, choses qui en constituent précisé–

ment le génie,

il

est absolument nécessaire de s'écarter du mot-1\-mot.

Cependant presque toutes

h~s

fois que je me suis trouvé dans ce cas,

j'en ai fait l'observation dans le commentaire au bas des pages, en si–

gnalant en meme temps les méprise.s de autres traducteurs, et je dois

avouer que, donnant

a

l'autorité de Tschudi l'importance qu'elle mórite,

je me suis attaché surtout

a

relevar ses erreurs, par cela meme que,

vennnt de lui, elles pouvaient étre plus dangereuses. Connaissant les

difficultés qu'un étranger doit avoir

a

surmonter pour apprendre une

langue telle qne le quechua, j'ai toujours admiré, meme alors que cet

auteur n'a pas réussi dans sa traduction, la persévérance et les apti–

tudes philologiques dont il a fait preuve, et qui, d'ailleurs, ne sont pas

le seul, ni mllme le principal mérite qui le distingue.

.

En général, j'ai traduit vers par vers le texte quechua, en indiquant

par une mlijuscule le oommencement de chaque vers, méme dans le cas

ou la ponctuation n'aurait exigé qu'une minuscule; mais dans les pas–

sages ou cela n'était pas possible, j'ai réuni plusieurs vers ensemble

pour les rendre par une phrase continua que j'aj placée en faca des vers

ainsi groupés.

J'espere que le lecteur voudra bien me pardonner d'avoir insisté si

souvent sur le fait que le quechua est une langue que je parle depuis

l'en(ance, puisque c'est cette circonstance qui,

a

défaut d'autre mérite

réel, est propre Adonner quelque importance

a

mon travail.