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Si la tAche du traducteur est toujours difficile, elle ne l'estjamais tant
que quand
il
s'agit de rendre un ouvrage
~crit
dans une langue fonciere–
ment différente de CQlle dans laquelle on traduit. La méthode générale–
ment suivie dans ce cas, consistant
a
s'attacher surtout au sens Jittéral
des mots, laisse beaucoup
a
désirer: car
il
est évident que pour rendre
le sens des proverbes, des métaphores, des acceptions figurées et des
locutions particulieres d'une langue, choses qui en constituent précisé–
ment le génie,
il
est absolument nécessaire de s'écarter du mot-1\-mot.
Cependant presque toutes
h~s
fois que je me suis trouvé dans ce cas,
j'en ai fait l'observation dans le commentaire au bas des pages, en si–
gnalant en meme temps les méprise.s de autres traducteurs, et je dois
avouer que, donnant
a
l'autorité de Tschudi l'importance qu'elle mórite,
je me suis attaché surtout
a
relevar ses erreurs, par cela meme que,
vennnt de lui, elles pouvaient étre plus dangereuses. Connaissant les
difficultés qu'un étranger doit avoir
a
surmonter pour apprendre une
langue telle qne le quechua, j'ai toujours admiré, meme alors que cet
auteur n'a pas réussi dans sa traduction, la persévérance et les apti–
tudes philologiques dont il a fait preuve, et qui, d'ailleurs, ne sont pas
le seul, ni mllme le principal mérite qui le distingue.
.
En général, j'ai traduit vers par vers le texte quechua, en indiquant
par une mlijuscule le oommencement de chaque vers, méme dans le cas
ou la ponctuation n'aurait exigé qu'une minuscule; mais dans les pas–
sages ou cela n'était pas possible, j'ai réuni plusieurs vers ensemble
pour les rendre par une phrase continua que j'aj placée en faca des vers
ainsi groupés.
J'espere que le lecteur voudra bien me pardonner d'avoir insisté si
souvent sur le fait que le quechua est une langue que je parle depuis
l'en(ance, puisque c'est cette circonstance qui,
a
défaut d'autre mérite
réel, est propre Adonner quelque importance
a
mon travail.