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BARRANCA.
En
1868,
parut
a
Lima la premiere traduction qui ait été faite du drame
d'Ollanta~.
L'auteur de cette traduction en langue espagnole était José
Sébastian Barranca, tres-connu au Pérou comme amateur des études .
linguistiques et surtout de celles qui sont relatives au quechua. Cette
publication n'ayant pas le texte quechua en regard, nous n'avons pu
préciser les fautes que cet auteur peut
y
avoir commises, et si nous lui
en avons attribué un certain nombre dans nos commentaires au bas
des pages, g'a été dans la supposition qu'il avait pris pour base de sa
traduction le premier texte de Tschudi, dont il loue le mérite et qu'il
dit avoir suivi principalement. Malgré ces défauts et quelques méprises
au sujet de la maniere d'entendre certaines scenes, la traduction de
Barranca ne laisse pas d'avoir un vrai mérite, et elle a été d'un grand
secours pour les traducteurs qui sont venus apres lui. Cependant il faut
avóuer qu'elle a été aussi la source de beaucoup d'erreurs. Non:-seule–
ment Markham, mais Tschudi lni-meme dans certains passages difficiles,
l'ont suivi de confiance et se sont égarés apres lui. Plusieurs Péruviens
m'ont assuré que Barranca ne possede pas le quechua comme sa langue
maternelle, mais qu'il en a acquis la connaissance par l'étude, et c'est
ce qui du reste résnlte de l'examen de sa traduction, dont quelque¡¡ pas–
sages ne sauraient étre l'ouvrage d'un Cnzcain ou de tout autre individu
né dans un pays oú. l'on parle quechua. Je crois ne pasme tromper en
avangant que si la traduction de Barranca n'avait pas existé, Tschudi
ne serait pas tombé dans plnsienrs erreurs qu'il a commises; et moi–
meme j'avoue franchement qu'en commengant ma traduction, je me
suis laissé entrainer inconsciemment par Barrimca dans le premier
vers du drame, oú j'ai traduit Rikunkiim par
as-tu vu?
quand
'il
aurait fallu traduire par
verras-tu?
ou mieux par
iras-tu voir ?
Il
est
vrai que la forme verbale rikunlu ('} correspond selon les cas au
passé indéfini
tu as vu,
au présent
tu vais,
et au fntur
tu ver1·as;
mais c'est ce dernier temps qu'il fallait préférer, puisque la réponse
de Pmn-LBGER indique que le but d'OLLANTAI était de le séduire pour
l'envoyer avec un message chez sa bien-aimée, et dans la s,lite de la
scene, on voit que le page ne connaissait pas encare STELLA, et que
( 1 )
Le sutfixe
i1u
ajou
té
au verbe, n'a d'autre effet 9ue de donner
a
la phrase le sens
interrogatif. Voir dans le chapitre suivant ce que nous disons, en parlant durhythme
quechua, sm· le changement des voyelles.