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Justiniani, par rapport au manuscrit de Santo Domingo, nous montrent
clairement que celui qui a arrangé ce texte, que ce soit Valdez ou un
autre, n•ayant pas compris le vrai sens de ces passages, les a altérés et
défigurés au point de les rendre tout-A-fait obscurs. On n'en sera point
étonné, si ron rétléchit que le transcripteur en question n'était pas
trés-versé dans l'histoire, ce qui l'empéchaitde comprendre ces passages
si clairs dans le manuscrit dominicain. Un seul exemple sufHra pour
justifier ce que nous venons de dire. Dans le passage ou OLLANTAi, par–
lant aux chefs de Tambo, leur représente sous les couleurs les plus som–
bres la campagne entreprise par le roi contra Chayanta, afin d'obtenir
de ces chefs qu'ils l'appuient dans sa rébellion,
il
parle en général de
maladies auxquelles les guerriers sont exposés dans cette expédition.
Le transcripteur du texte de Justiniani veut préciser la maladie, et dans
une variante trés-obscure au vers 754,
il
introduit le mot
chuchucc
(
1 )
onccoy,
qui signifie
{Mvre tierce
:
or, cette maladie étant endémique
dans les vallées de Tambo,
il
est évident que, dans la pensée erronée
de
l'au~eur
de cette variante, ÜLLANTAi parlait ici de l'invasion de
Tambo par le roi du Cuzco, et non de la campagne projetée contra
Chayanta. Nous pouvons tirer les memes conclusions des autres va–
riantes ou corrections qui se trouvent dans le texte de Justiniani, les–
quelles semblent faites par une personne qui, croyant corriger la legon
primitiva, ne faisait que la corrompre. Ainsi, aux vers
1101
et
1148,
CEIL·DE·PIERRE,
dans le texte de Santo Domingo, porte le titre de
Grand
chef des Andes,
titre qui lui appartenait en effet par les raisons que
nous avons données dans notre commentaire an bas des pages, tandis
que dans le texte de Justiniani,
il
est appelé
Grattd chef du Haut-Pays
(Hanan-suyn). Dans les passages memes ou les variantes du texte de Jus–
tiniani sont grammaticalement correctas, on découvre immédiatement
le cachet moderna. Ainsi au vers
601,
le mot primitif
tapucuipuni
a été
changé en
mascariy puni(
1 ),
mot qni, bien que synonyme du premiar dans
le sens de
rechercher,
est beaucoup moins classique et n'a.pas la meme
élégance ni la méme délicatesse dans le langage érotique. On voit le
méme verbe employé au gérondif au vers
393
dans un sens identique, et
la
ma8cartspa,
au lieu de
tapucuspa,
serait tout-A-fait choquant.
A ces imperfections que nous venons d'indiquer, et qui sont impu-
(1)
Probablement ce mot était écrit ainsi:
chucchucc
(buhfmJ.)
(1)
On doit écrire en un seul mot:
Mas~ar1ypum.