- CXIV-
(v. 76),
llamacta
(v. 79),
llaycacta
(v. 88), au lieu de
yupiquitan, llamata,
layccata,
ce qui introduit dans la langue du drame une confusion déplo–
rable, la particule
e,
ajoutée devant
ta,
donnant
a
cette désinence un
sens différent qui ne convient nullement aux endroits ou a lieu le chan–
gement. Précisons davantage :
cama,
qui dénote l'idée abstraite de
commandement, de puissance, avec la désinence
e,
veut dire
celui qui
commande, .celui qui gouverne,
et par exémple, dans le mot
Pacha–
camac,
indique
celui qui gouverne l'tmiver-s, pacha
voulant dire
uni–
vers.
Garcilaso de la Vega (
1 )
s'explique de la meme maniere en parlant
de la signification du nom du fieuve Runahuanac : "Le nomde ce fieuve,
dit-il, est composé du mot
runa,
qui veut dire
gens,
et du verbe
huana,.
qui signifie
corriger,
et qui, avec le
e
final, devient un participe présent
dont le sens est
celui qui {ait corriger,
en sorte que les deux mots.
joints ensemble signifient
celui qui {ait corriger les gens.
"
Le suffixe J
par lequel, selon notre systeme alphabétique, nous représentons le son
que Garcilaso exprime par
e,
modifie dQ,Il.c l'idée du verbe en y ajoutant
celle de la personne qui exécute l'action : Munay veut dire
aimer,
et
Munaj,
celui qui aime, amant.
Ajoutons maintenant
a
MunaJ la désinence
de l'accusatif
ta,
et la phrase Rikum munaJta. voudra direje
regarde celui
qui aime.
Cette meme désinence j, ajoutée
a
un substantif, dénote la pos–
session, l'appartenance : ainsi Runa,
homme,
avec cette désinence, de–
vient RunaJ, et veut dire
ce qui appartient a l'homme,
et la locution
RunaJ-maman veut dire
la mere de l'lwmme.
On comprend facilement d'apres cela que la nouveauté introduite par
Tschudi dans l'accusatif quechua prod uit toujours dans les phrases, soit
I'obscurité, soit le ridicule, .soit un contre-sens. Ainsi, -dans les exemples
cités ci-dessus de son second·texte, au lieu de
u
yupeykita
"•
ta trace, ta
course,
on lit"
yupeykicta ",cequi appartient ata trace, ata course,
ce
qui forme un contre-sens; au lieu de
"llamata
"•
le lama,
accusatif dans
la phrasej'ai
préparé mille lamas,
on lit"
llamacta
"•
ce qui fait.dire
a
l'ASTROLOGUE :
"J'ai préparé ce qui appartient a mille lamas,
et on se
demande COque l'ASTROLOGUE pouvait avoir préparé; enfin dans levers88,
au lieu
d~
"
laycata
",
ce devin,
on lit
"llaycacta
",
ce qui appartient a ce
devin,
en sorte qu'OLLANTAi:, au lieu de dire :
Je déteste ce devin,
dit :
Je
déteste ce qt'i appartient a ce devin,
sans qu'on puisse savoir au juste
quel est l'objet de sa haine. Nous ne savons d'oú Tschudi a pu tirer ces
(1)
Comentl¡rios Reales,
1• Part., Lib. VJ, Cap. 28.