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- CXXI-

texte de

l'Ollanta'i.

Peu de temps apres,

il

fit paraitre ce meme texte dans

une brochure séparée avec la traduction espagnole en regard. Aucune

de ces publications n'est datée. Me trouvant

a

Londres pendant l'été de

1874,

j'eus l'occasion de rencontrer cet auteur a la bibliotbeque du

Musée Britannique, ou j'allais. faire des recherches pour mon propre

travail. Le croyant Cuzcain d'apres le frontispice de sa grammaire, je

luí adressai la parole en quechua, supposant naturellement qu'il par–

lait cette langue; mais immédiatement je dus reconnaitre mon erreu1·,

et il m'avoua lui-meme qu'il n'était pas du Cuzco, mais qu'il s'était ap–

pliqué a l'étude de la langue au moyen des "ressources que lui offrait

pour cela le Musée Britannique. Plus tard, a Paris,j'ai rencontré des per–

sonnes connaissant cet écrivain, qui m'ont appris qu'il était d'Arequipa,

ou le quechua est tout-a-fait ignoré, et que malheureusement il était

depuis longtemps dans un état d'exaltation maladive, par suite du–

que! la passion des découvertes et des publications scientifiques

était arrivée a constítuer chez lui une vraíe monomanie. C'est alors

queje me suis expliqué ses síngulieres publícations sur le quechua.

Dans les 450 pages in-octavo de sa Grammaire, on peut díre qu'il

parle de tout excepté de la langue, et meme dans le peu de passages ou

il

semble s'en.occuper, il ne fait autre chose que d'accumuler des expli–

cations et définitions philologiques obscures et incohérentes. Son

Ollanta

surtout montre le désordre de ses idées relativemeut au quechua : ainsi

une de ses manies consiste

a

régulariser entierement la rime du texte

primitif, et pour cela

il

ne se gene nullement soit pour altérer

ad libitum·

les finales de chaque vers, ce qui produít presque autant de barbaris–

mes, soit pour faire des transpositions et changements de mots. Presque

toutes les variantes qui sont de son fait sont fautives ou superfiues et dé–

montrent sa complete incompétence. Quelquefois ces variantes touchent

au ridicule, par exemple, dans le vers 455, le mot Yanarkayki,

je t'ai

servi,

est transformé par luí en Yanacyayqui,

je t'ai noirci.

D'apres ce que nous venons de dire de cet écrivain, on ne

s'étonnera plus qu'íl dise avoir des agences et des dépóts la meme ou

il

n'en existe pas, au Cuzco,

a

Puno,

a

Arequipa, et partout, et que

la liste qu'il donne de ses ouvrages inédits embrasse, pour aínsi dire,

toutes les connaissances humaines. Nous avons cru devoir donner ces

explícations dans l'intéret de l'honorabilité de cet écrivain qui a été un ·

homme distingué et un citoyen estimé á Arequipa, avant que sa bi–

bliomanie luí ait fait quitter le pays.