40 LA DÉCOUVERTE DU MONDE ET DR L'UOMFtIB.
trop intelligents et trop fiers pour adorer, pour déitier
un pouvoÍl' illégitime et tyrannique '. 11 ne s'agit donc
que de la courte période ou fleurit le théAtre anglais.
On pourrait répondre que tout le reste de l'Eul'ope
n'a produit qu'un Shakespeal'e, et qu'un génie de cette
lailIe est généralement un rare présent du cie\. D'autre
part, le
th~Atre
italien élait peul-étre sur le pojnt de
jeter un vif éclat lorsque le contre-coup de la Réforme
se fit sentir et que, arl'ivant en méme temps que la
domination e pagnole (qui s'étendait sur Naples, ur
Milan et indirectement sur pre que toute l'ltalie),
~a
réaction brisa ou dessécha les plus belles f] curs de I'esprit
italicn. Qu'on se figure Shakespeare lui-méme sou un
viee-l'oi espagnol ou dans le voisinagc du saint-office qui
fonctionne aRome, ou méme qu'on se le repl'é ente un
certain nombl'e d,années plus lard dan son propre pays,
á
l'époque de la révolulion aoglaise. Le drame, qui dans
sa perfection est u fruit tal'dif de toute cullure, veut
avoÍl' son hcure pa rliculiere.
Nous devons toutefois rappeler
a
ce propos quelques
circonstances qui étaient certainementde nature
a
rendre
plus difticile ou
a
rc tarder le développement de ¡'art
drama tique en Italie jusqu'au moment ou eette révolu·
tion n'élait plus possible.
La plus importante de ces circoustances est iocontes–
tablemeot celle-ci : le besoin de spectacles, naturel anx
peuples, trouvait
a
se satisfaire ailleurs qu'au théAlre :
les my tel'es et d'autres scenes religieuses suffisaient aUK
Italiens. Dans tout ¡'Occident ce sont précisément les
représentations d'épisodes de l'hi toire sainte dramati és,
de légendes mises en action, qui sont l'origine du dl'ame
1
Les pol\tes dramatiques de circonstance flattaient suffisamment
les différentes cours ou les différents princes.