U LA
DÉCOUVRRTR DU MONDE ET DE L'OOHTtfE.
C·est
a
ce méme Brunetlo Lalini (le maitre de Dante)
qui, dans le genre des canzoni, suit la maniere habi–
tuelle des troubadours, que remontent les premiers
versi
Iciolti
connus (vers de dix syllabes sans rimes)
1,
et dans
cette apparente absence de forme apparait tout
a
eoup
une passion vraie, réellement ressentie. Le
po~te
s'inter–
dit volontairement I'usage de tous les moyens matériels
parce qu'il compte sur la valeur de l'idée; c'est ainsi
qu'un certain nombre d'années apres les peintres de
fl'esques, et plus tard enéore méme,les peintres de genrc
renoncent aux effels de couleurs, et se contentent de
peindre en tons plus ou moios elairs. Pour eette époque,
qui d'ordinaire tenait un si grand compte de I'art ou
plutót de I'artífice dans la poésie, ces vers de Brunetto
Latini sonl le point de départ d'une innovation féconde
t.
Mais
a
cóté de ces
VC1'S
libres on voit, dans la pre–
miere moitié du treizieme siecle, Dailre une de ces
formes de strophe aussi rigoureuses que variées qu'a
produitcs l'Oceident
a
eette époque : c'est le sonDet, qui
De tarde pas
a
devenir la forme eourante, la forme
prédominante en Ilalie. L'a{l'eneement des rimes et
méme le nombre des vers varient
J
jusqu'au moment oil
Pétrarque établit définilivement les lois de ce genre de
poéme. Au eommeneement, tout élan Iyrique, toule
médilatioD poétique revét ceHe forme; plus tard, elle
I
Emprunlé ;\ TRUCCO!,
Poe$¡e ¡taliane inedite,
1, p. 165 ss.
t
Ces vers blancs ont été plus tard employés de préférence dans
le
drame. Trissin, dans sa dédicace de la
Sophollisbe
a Léon
x,
espere que le Pape reconnattra ce genre de vers pour ce qu'il
est, c'est-a-dire pour meilleur, plus noble et
moillsfacile
qu'¡¡ n'en
a
"~airo
R05COB,
Leone X,
ed.
80551,
VIII, 174.
l
Comp. p. ex. les form es curieuses employées par
DANTB,
"ita
MlOlla,
ed.
WITTB
(Leipz., 1116), p,
f
3 ss. et p. 16 ss. On trouve dans
chacun des deux passages vinaL vers irrérruliers; daos le premier,
la méme rime reparalt huit fois.