272
MOEURS ET RELIGIO N .
Au moment de l'apogée de la
Renais~ance,
vers la Bn
du quinzieme siecle, les mémes idées se retrouvent cbez
Luigi Pulci, dans le
Morqante magqiore.
Le monde imagi–
nai re
OU
ses histoires se déroulent, se partage, comme
dans lous les poemes de ce genre, en deux camps, celui
des chrétiens et celui des infideles. Suivant l'esprit du
moyen Age, la victoÍl'e et la réconciliation entre les com–
baltants étaient fréquemment accompagnées du baptéme
des musulmans. vaincus; les improvisateurs qui avaien t
traité ce genre de sujets avant Pulci ne se sont saDS doute
pas fait fallte d'exploiter ce momo Or, Pulci s'applique
~
parodier ses devanciers, et encore ne choisit-il pas les '
meilleurs; cela se voit aux lnvocations
a
Dieu, au Christ et
a
laYierge,parlesquellesdébutenLles cbants desonpoeme.
Mais ce qu'11 reproduit surtout
I
ce sont les conversions
subites suivies de baptéme, conversions dont l'absurdité
doiL sauter tO'1t d'abord aux yeux de I'auditeur ou du lec–
leur. Mais
iI
va plus loín et confesse qu'¡¡ croit
a
la bonté
relative de toutes les religions
1;
malgré ses protestations
d'orthodoxie
2 ,
il
est déiste au fondo De plus,
il
dépasse le
moyen age dans un autre sens. Les siecles passés avaient
dit : 11 faut étre orthodoxe ou hérétique, chrétien ou
paieo, ou encore chrélien ou musulman ; Pulci crée la
figure du géant Margutte', qui se rit de toutes les reli–
gions, professe joyeusement l'égoIsme le plus matériel,
se Iivre
a
tous les vices et ne se Largue que d'une chose,
c'estqu'j\ n'ajamais commis une seule trahison. Peut-etre,
en ímaginant ce monstre honnéte
a
sa maniere, Pulci
8yait-il un but élevé, peut-éLre voulait-¡¡ inspirer l'amour
I
Sans doute dans la bouche da démon Astaroth, eh. xxv, str.
831
et ss· Comp. str.
141
et
~s.
J
Ch.
XXV lII,
str.
38
et ss.
3Ch.
XVIII,
str.
tt2jl1squ'1Ila lin.