PEROU ET BOLIVIE.
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dant cll temps , le général Arénafes
avaít exfouté un e marche audacieuse
dans l'intérieur et avai t pénétré jus–
qu'a Tarma; il avn it li vre combat
a
des forces supéri eures com111andées
par
l'Irl andais O'Reilly , et
avait
remporté, dans le environs dePasco,
Üne victoire si complete, que le chef
enn mi étai t
re té son pri onnier.
Malueureusement, trompé par de faux
avis, A.rénnles, au lieu de se maintenir
sur le 'cha111p de bataille, s'était décidé
a
travetser de nou veau les montag aes',
et avait éprouvé , dans le trajet, des
pertes sensibl es; pour comble de dis–
grfice, les lndi ens in urgés des lors
abandonnés par les patriotes, et livrés
a
leurs propres ressou rces, furent bat–
tu sen plus1eurs endroits pa1·
le géné–
ral espagno l Ricaforte , qui massacra
sans
!]itié tous
les malheureux qui
tomberent entre ses mains.
l\lais les indépenrlants forent secou–
rns par un auxiliaire sur leq uel ils
n'avaient pas compté : la discorde
éclata tout
a
cou
p
panui les ch fs des
royali stes. Le général La Cerna, mal–
gré sa mésav-enture ave:: les
Ga1téhos,
avait été nommé li ruten<mt g'oéral, et
avait obtenu du
vice~roi
la formatio n
d'une junte directrice compo. ée <le
généra ux, et chargée de sur vei ll er les
opérations de la guerre. La majori té
de ce conseil surJreme étan t favorable
á
La Cerna, il en résulta que celni-ci
dev int, en fait, le <lictateur militaire
du Pérou.
éanmoins, ce général , ne
sachant pas se servir du pouvoir pres–
que il lirnité que lui avai t tacitement
conféré la junte, scmbla s'appliquer
a
en tasser fauLes sur fautes. Pour peu
que tui ou ses
col l e~~1es
eussent été,
si non babi le , du moins actifs et clair–
voyants, nul doute que la petite armée
de San Martín n'eut été repoussée et
accu lée
a
la mer. Mais les mesures
décrétées par la junte se born erent
a
confiner les troupes roya li stes dans
Amapugio, position détestable, et ou
il
étai t fort difficile de e 111ainteni r
en.cas d'agression. San Iartin, croyant
a
l' imminence d'un e attaque générnle,
all a s'établir le
18
janvier sur la rive
droite de la Haura , et fortifia les en-
droits ou la
r1V1ere était guéable.
On ne comprend pas pourquoi l'ar–
mée roya liste, forte de plus de 3,000
hommes, .s'abstint de prendre l'initia–
ti ve contre les patriotes. Il fallait que
la junte directrice, et ·surtout La
Cerna , fussent frappés d'aveuglement,
ou intimidés par les dispositions d'une
grande portie de
la population. Du
reste, on pouvait aisément s'aperce–
voi r que les membres du conseil con–
sidéraient les révolutions de Guaya–
quil et deTruxíllo , ainsi que la défection
du régiment de Numance, comme des
symptomes formidables . Soit poltron–
nerie, soit incapacité , les chefs roya–
fistes se tinrent dans une inconcevable
inaction. lis finirent par se diviser, si
bien que Pézuéla ,
a
qui les mécon–
tents attribuaient le fficheux état des
affaires, fut, un beau jour, déposé
a
la
suite d'une émeute militaire (29 fé–
nif'r
1821 ) ,
et La Cerna
fut
nommé
vi ce-roi
a
sa place.
Le 24 janvier, une centaine d'habi–
tants de Lima passerent aux patriotes;
dans le nombre se trouvaient le colo–
net G<lmarra et deux li eutenants-colo–
nels. Des ce .moment , San Martin
jugea que les déserteurs étaient assez
nornbreux pour etre enrégimentés
'á
part, et pour rend re des services effi–
oaces
a
la cause de la liberté. En con–
séque11ce , il fo rma un bataillon péru–
vien. Cette augmenta tion de forces ne
le fit pas renoncer
a
son systeme de
temporisation : six mois s'écouler ent
enco re sans aucun engagement sé–
rieux. ''San Martí n , dit le capitaine
Basil Hall (•), ayant jugé, des le prin–
oipe, de quoi son armée et sa Uotte
étaient capables, résolut de s'appuye.r
beaucoup moins sur les opérations
militaires que su r les résultats d'une
propagande active.
A
l'a ide de publi–
cations poli tiques, et grace au zele de
ses agents, il parvint
a
s'assurer un
grand nombre de partisans, non-seu–
len1ent dans les proviires, mais encare
dan
la capitale; au bout d'un cerlain
temps, il réussit, par ses intelligences
avec les habitants des districts voisins
(•) T. 1,
p.
295-297.