PÉROU ET BOLIVIE.
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cet amiral fut honorablement acquítté.
CepPndant l'a1niral anglais n'avait
pasrenoncé
a
ses desseins contre fe
Ca.llao. Apres les préparatifs néces–
sa1res, et notamment apres avoir fait
confectionner un certain nombre de
fu–
sées
a
fa Congreve,
il
mit de nouveau
·a
la voiledans lebutd'aller bombarder
la ville péruvienne. Cette seconde ten–
tati ve ne fut pas plus heureuse que la
premiilre; soit que
les projectiles
euss nt été mal confectionnés, soit
que les instructions de Cochrane lui
défendissent toute attaque par trop
aventureuse, l'escadre quitta fe port,
au grnnd désappointement des pa–
triotes de Lima. Quelques jours apres,
la ville ele Pisco
fut
le théiitre d'un
débnrc¡uement opéré par le colonel
Charles et le major Miller, opération
d iflicile et qui amena la perte de plu–
sieurs officiers de mérite.
Cependant, San Martin, qui revait
tonjours
l'indépendance du Pérou,
s'était or,cupé sans reliiche de l'orga–
nisation de son armée. Le manque
d'argent et d'autres difficultés avaient
causé un retard de plusieurs mois.
:Enfin, dans
la premiere quinzaine
d'aoat, toute l'armée se rassembla
a
Valparaiso, et, le
21
du meme mois,
la ílolte qui la portait mit
a
la voile
pour le Pérou. Le nombre total des
troupes, y compris celfes embarquées
plus tard
a
Coquimbo, ne dépas ait
pas 4,500 hommcs, avec
12
pieces de
canon, tandis que les forces royalistes
a
Callao
et
a
Lima s'élevaient
a
7,815 soldats, et le total des troupes
espagnoles cantonnées dans le Pérou,
a
23,000 combattants. Mais San Mar–
tín, qui n'ignorait pas cette efirayante
disproportion, comptait sur l'appui
de l'opiníon publique; d'ailfeurs, en
entreprenant la délivra•1ce des Péru–
viens, il n'avait pas en ,vue la con–
quete de leur territoire. Ceci ex plique
sa politique adroite et lente, ainsi que
ses fliscussions avec Cochrane qui vou–
lait marcher brusquement sur la ca–
pitale et biicler
l'affair~
par un coup
- de main. L'homme d'Etat et le mili–
taire se révélaient mervei ll eusement
dans ces vifa démelés.
Malgré le petit nombre d'hommes
qne le Chili envoyait au secours de la
liberté péruvienne, ce n'en était pas
moins un effort héroi que de la part
.d'un État encore si chancelant, si
faible et si pauvre. Sous ce rapport,
on doil aclmirer le sentiment qui dicta
au Chili une pareille conduite.
Le 8 septembre, un débarquement
fut
opé.résans opposition daos le voi–
sin
age dePisco. La ville ayant été
abandonnée par les Espagnols,
a
l'ilp–
proche deS? patriotes , San Martin y
entra le
13
et y établit son quartier
général. Le
22,
le colonel Al varado
marcha
en avantet prit possession
de deux
villag.es,le haut et fe bas
Chincha.
Le marquis de San Mi(?uCI
qui
possédait de vastes domarnes
daos cette localité, se réunit aux ín–
dépendants et fut nommé aidt! de camp
du général en chef. Le 28,
a
la de–
mande expresse
d:i
vice-roi Pézuéla,
une suspension d'armes de huit jours
fut convenue, et les envoyés des deux
partis tinrent une conforence
a
l\lira–
flores, pres Lima, dans
le
but de
combiner une pacification basée sur
l'i11dépendanceduPérou; mais levice–
roi n'ayant pas voulu adhérer aux
conditions des patriotes, les hostilités
recommencerent. Le 5 octobre, le
généra l Arénales quitta Pisco,
a
la
tete de deux hataillons d'indépendants
et d' un petit corps de cavalerie;
il
fit
son entrée dans la petite ville d'lca,
dont les habitants l'accueillirent avec
enthousiasme; les sentiments de la
population
éta ient
tellement
pro–
noncés en favt!ur de l'armée libéra–
tri ce , que deux compagnies de
la
mili ce, officiers et soldats, passerent
sous les drapeaux d'Arénales. Le reste
des troupes royales abandonna la villc
et fut poursui vi par un détachement
de cavalerie qui surprit les Espagnols
et lit une centaine de prisonniers. Le
20, Arénales s'avanca vers l'intérienr
du pays, laissant
a·
lea une compa–
gnie chargée de veiller sur la pro–
vince. Les troupes chilie nnes se rem–
barquerent, le 25 ,
a
Pisco, et le 29,
l'escadre jeta l'ancre dans la baie de
Callao. Les biitiments de transport,