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L'UNIVERS.
dres;
il
se dirigea done seul vers le
rnouillage, sous le canon des batte·
ríes de terre et au milieu de l'escadre
espagnol e, composée des frégates
Es–
meralda
et
rerganza,
et de deux:
bricks de guerre. L'amiral ouvrit un
feu des plns vifs contre la principale
batterie; mais ii se trouva que, cejour
étant celui ou le vice-roi du Pérou
fai–
sait son inspection annuelle dans les
forts et sur les vaisseaux de guerre du
Callao, les battcries et les batiments
étaient tous prets
a
risposter. Pezuela,
vice-roi du Pérou, était lui-meme il.
bord d'une des frégates, lorsque Co·
chra,ne entra dans le port. Quand
l'O'Higgins
parut, les artilleurs des
forts étaient
a
lcurs pieces, et les
équipages des navires de guerre il. leurs
postes respectifs. En conséquence, l'a–
rniral chilien fut
re~u
tout autrement
qu'il ne l'avait pensé; il essuya un feu
terrible tant des fortifications, qui
étaient armées de trois cent soixante
canons, que des vaisseaux rspagrtols
qui comptaient plus de cent bouches
a
feu.
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fut rxpo é
a
ce double feu pen–
dant deux heures, le ca lme l'empe–
chant de battre en retraite. Obligé de
se défendre sans assistance contre des
forcrs si supérieures, il dirigea une
canonnade forrdroyante contre les bat–
teries, et réussit
a
détruire un ·angle
cl' une des fortilication ; enfin, la brise
s'étant élevée, il en profita pour gagner
le large. Les Espagools s'imaginerent
avoir été attaqués par la flotte chi–
lienne tout entiere; mais le brouil–
lard s'étant tout
a
coup dissipé, ils fu–
rent l?randement surpris de voir qu'ils
n'avaient eu affaire qu'il. un seul bi\ti–
ment, leur ancienne frégate Ja
llfarie–
lsabelle.
Ce fut
l'opinion générale
que, si cette entreprise avait eu lieu
tout autre jour de l'année, et si Co–
cbrane avait été secondé par le reste
de sa division,
il
aurait infailliblement
pris la place d'assaut. Tel fut aussi !'a–
vis du vice-roi, car il
fit
en toute bate
démanteler ses vaisseaux de guerre,
et attacher les uns au bout des autres
leurs mats et leurs es parres, de ma–
niere
a
former une double chalne au–
tour du mouillage, et il
empepher
ainsi tout batiment ennemi d'appro·
cher des batteries. Lord Cochrane blo·
qull le port, cherchant
a
attirer les
vaisseaux espag11ols; mais toutes ses
ruses furent ·rnutiles; les royalistes
avaient prudemment résolu de se tenir
sur la défensive.
Si cette expédition avait réussi,
il
est probable qu'elle eut suffi pour ré–
volutionner le Pérou.
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existait déja
da ns ce
pa~•sdes
germes de mécontente·
ment qui devaient produire tot ou tard
une explosion formidable. L'exemple
des patriotes du Chili, qui con
tinuaientsi vigbureusement la lutte, et
faisaiP.ntau dehors une active propaga
nde, sti–mulait les Péruvi ens et leur inspirait
un désir encare assez vague, mais in–
contestable, de liberté et d'i ndépen–
dance. Cochrane le savait; aussi con·
tinua-t-il il croiser sur les cotes du
Pérou. lVIanqnant de vivres, il mit
a
contribution les localités voisines de la
mer. Quelques villes lui en ayant re–
fusé,
il
s'en empara; Payta, Supé ,
Guambacho, Guaruney et d'autres
places
dn
littoral furent ain i chatiPes.
To11tefois, il faut ajouter que l'amiral
ne
ran~onnait,
dans les places prises,
que les propriétés espagnol es, et qu'il
r Pspectait les bi ens des gens du pays.
C'est ainsi qu 'il parvint iljeter la terreur
parmi ses ennemis, tandis que la dou- ·
ceur de sés procé,dés envers les indi–
genes et les créoles lui faisait de
110111-
breux amis parmi les oppri111é<. Cette
adroite conduite porta les fruits que
Cochrane en avait espérés; on pul ap–
précier ses heureux résultats quancl
l'armée du Chili entra dans le Pérou,
sous le commandement de San Martir..
Le pays parcouru par l'amiral fut le
théatre rles princi pales opérations de
l'armée Jibératrice, et les habitants de
ces provinces accuei lli rent leu rs voisins
avec un joyeux et cordial empresse–
rnent.
Tandis que Cochrane parcourait les
cotrs. l'amiral Blanco était chargé de
mai nten ir le Callao en éta t de blocus.
Mais J'escadre venant
a
manquer de
vivres, Blanco
fut
forcé de s'éloi–
&ner et de regagner Valparaiso. Tra–
ctuit devant un conseil
~e
guerre ,