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L"UNIVERS.
culture a pris, depuis quelques années,
une extension considérable, le tabac,
le bois d'acajou et d'autres bois re–
cherchés en Europe, le poivre, le julep,
le sang-de-dragon, la vanille, le co–
ton, le sucre, le safran, etc., etc.
Le regne animal n'est pas moins ri–
che. Il offre, suivant les historiens et
les voyageurs, des especes que les na–
turalistes n'ont pas encore décrites.
Les forets de la Vera-Paz sont peu–
plées d'animaux sauvages, parmi les–
quels on remarque Je tapir ou
danta,
dont la peau sert
a
faire des boucliers
impénétrables. On fait un commerce
important en bestiaux et en peaux. Les
ophidiens sont en tres-grand nombre,
surtout dans certaines localités; tou–
t efois nous ne comprenons pas parml
les especes authentiques le serpent
a
deux tetes dont parle le crédule Juar–
ros, animal extraordinaire, qui, selon
le na'if historien, se meut en avant ou
en arriere, suivant le besoin de sa dé–
fense, et se sert avec une égale facilité
des deux gueules que la nature a
pla~
cées aux deu:x extrernités de son .corps.
Quantaua: productions minérales du
Guatemala, elles penYent soutenir la
comparaison avec celles du pays le
mieux partagé sous ce rapport. Outre
•l'alun, le soufre et d'autres substances
qui alimentent les exportations com–
merciales, il y a d'abondantes mines
d'or et d'argent. Il en existe, dans la
province de Chiquimula, notamment
celles d'Alotopeque et de Saint-Panta–
léon, qui ont été autrefois exeloitées
avec grands profits ; la derniere est
malheureusement inondée. Le meme
filon fournit de l'or aux mines de
Santa Rosalia, de Montenita, et de
San Antonio Abad, qui, débarrassées
des terres qui les encombrent, donne–
raient encore de grandes quantités de
métal. Le district de Comayagun pos–
sede aussi des terrains auriferes. Dans
l'État de Costa-Rica, outre des mines
d'argent et d'or, on trouve du cuivre
en abondance. Enfin, le territoire de
Honduras renferme des métaux qui
pourraient
a
eux seuls' s'ils étaient
SÓUilliS
a
Ul"Je
exploitation active, enri–
chir u1¡1 grand Etat.
C'est cette profusion de mineraux
précieux qui séduisit tout d'a bord les
Espagnols dans le Guatemala. Les ma–
gmliques présents que leur firent les
caciques vaincus, et les abondantes
récoltes qui suivirent leurs premieres
explorations da ns les terrains métalli–
feres, leur firent croire que le pays
n'était qu'une vaste mine, et que les
volcaos eux - memes- vomissaient de
l'or fondu (*).La cupidité des conqué·
rants, ainsi éveillée, causa aux peu–
ples soumis tous les maux qu'une ty–
rannie impitoyable peut inlliger
a
des
sujets sans défense.
JONCTJON DI!? DEUX OCÉANS PAR L'AnÉRIQUK
CENTRALE.
Nous avons dit qu'un pays aussi gé–
néreusement doté par la nature devait
nécessairementjouir tot ou tard d'une
grande prospérité. Nous n'hésitons
pas
a
placer au premier rang des
moyens propres
a
assurer cet heureux
avenir,
l'exécution du canal destiné
a
réunir les deux océans. C'est ici le
Iieu de parler de ce grand projet.
Avant !'examen approfondi de
la
question par
1\J.
de Humboldt, on
etait réduit
a
de simples conjectures
sur le lieu le plus favorable
a
l'éta–
blissement d'un r.anal de jonction. Le
~ouvernement
espagnol, da ns la crainte
de voir des étrangers s'impatroniser
(•) Voici ce que Je missionnaire Thomas
Gage <lit au sujet du volean qui avoisine la
ville de Léon :
" JI
y
eut un religieux de la Merci qui
s'imagína a\"oir décou\"ert un grand trésor .
en ce licu-la, capable de l'enrichir lui et
tous ceux du pays, s'élant persuadé que le
mélal qui lmilail dans ce \"Olean élait de
l'or; de sorte qu 'il
lit
faíre un grant! chau–
dron el le
fil
atlacher
it
une chaine de fer,
afin de le descendre au bas de l'ouverture
de la montagne, pensant qu'il le retirerait
plein de cel or fondu, el qu'il aurait assez
de quoi se faire héque el enricbir tousses pa–
renls; mais
la
force du feu
fursi
grande, qu'il
n'eut
¡1as
sitól descent!u le chaudron, qu'il
se dé1acha de la chaineel fut aussitót fondn."
(J\1011velle rclation co111r.na11t les 11orages
de
Thomas
Gage dans /a Nouvellc-Espa!flle,
trad. par
BAur.nwO NuL,
1676.)