ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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jamais, et
a
jamais nous chanterons ses miséricordes.
Ils ne voulurent me quitter qu'a la vue de Bescomta:
ce fut la que je pris congé d'eux , et les renvoyai.
Bescomta est une assez grosse bourgade, dont les
habitans sont partie catholiqnes Maronites , partie
catholiques du rit grec. Selon le conseil du grand
Apotre, je
me
crus d'abord redevable aux domes–
tiques de la foi, et je
commen~ai
par les Maronites. ,
Je les prechai denx ou trois fois par jour, et je ne
les confessai que quand je
m'aper~us
que les cons–
ciences étoient remuées. Je me trouvai bien de cette
méthode, et le fruit surpassa mon atte1ílte. Je ne me
prescrivis aucuns arrangemens particuliers, sinon
pour l'ordre des
matieres.Jem~lai
toujours l'instructif
et le pathétig_ue, et
je
faisois alternativement une
conférence et un sermon.
L'
éclat que firent les exer–
oices de la mission chez les
Maronit~s
, piqua la cu–
.riosité des Grecs, et ils voulurent entendre le mis–
sionnaire
a
leur tour. Ils firent une députation de
plusieurs de leurs chefs' et m'envoyerent inviter
a
precher chez eux. J'y allai: ils avoient fait cette dé–
marche sans la permission de leur archeveque. Quand
j'arriv-ai, le prélat étoit
a
l'
église,
ou
il officioit. On
m'annon~a
a
lui; il ne parut pas fort content de me
voir déterminé
a
precher; cependant il ne voulut
pas s'y opposer. Je me préparai done
a
donner
·ª
son peuple la satisfaction qu'il souhaitoit.
.T:
étois em–
harrassé sur le choix du sujet que je devois traiter.
Je voulois un sujet utile, et qui put faire du bien.
Mes Maronites me tire-t-ent d'embarras. Ils me dirent
que chez les
G~ecs
il régnoit de grands abus dans
l'administration du sacrement de pénitence; que le;;
pénitens s'accusoient tous ensemble de quelques
péchés légers, et que le ministre leur donnoit une
absohnicm générale; que cette coutume accommodoit
égalemeni· et les pénitens et les confesseurs · les
péniten-s, pa,rce qu'elle leur épargnoit la honte
de