EDIFIANTE5 ET CURIEUSES.
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sal'lrois me le persuader. Pour moi je vous avoue bon..,
nement qu'en rapprochant et ce qui m'avoit été dit,
et ce que je voyois de mes yeux, cet événement
me
parut avoir quelque chose d'extraordinaire. Je le
regardai eomme un coup de Providence ,
et
je ne
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pus m'empecher d'admirer la bonté de notre Dieu,
q:ui, malgré mes refus obstiné$, m'avoit conduit'
comme par la main chez ces pauvres gens,
a
qui
tnon secours étoit si néeessaire. Peut-etre me
taxera~
t-on de simplicité, et m'acetisera-t-on de vouloiJ.t•
trouver partout du surnaturel. Je ne suis pas capable
de donner dans de pareils exces. Mais je crois aussi
qu'il y auroit del'obstination et rneme de l'incrédulité
A
ne pas reconnoitre certaines opérations surnatu–
relles, surtout quand elles sont marqnées
a
des traits
qui saisissent et qui frappent tout esprit raison–
nable.
Quoi qu'il en soit, mon hóte ne songea'.
qu'a
pró–
fiter de la grace que Dicu .lni faisoit, et du secours
inattendu que lui présentoit la Providence. 11 ras–
sem_hla tout son monde; il
fit
rappeler tous ceux qui
étaient dispersés
a
la campagne;
il
ordonna d'inter-
ompre tous les travaux, et les jours que je passai
chez lui furent uniquement consacrés aux exercices
de la r.eligion et de la piété. Il voulut que chacun
prnfitat de la conjoncttITe, et fút occt1pé 1:out entier
au soin de met:tre ord1·e aux affairf's de sa
~onscience
•
.Mon arrivée leur
fit
verser
a
tous des larmes de joie;
mais bientót elles se chang'erent en !armes que leur
ar:rachoit ou la vivacité de la co1'ltrition, ou la ten–
dresse de la
dévotion.
J_.a
je crus devoir changer de
systeme; et
con1.meje prévis bien que de lang-temps
je ne pounoi-s revoir ces Chréti:ens·, je pFechai et je
coHfessai. Je n'avois point
a
craindre de bnrsquer
les choses;
la
moisson étoit múre, et l'espérarice que
le mahre leur avoit donnée de voir bientot un mis–
.s.Wnnaire' les, avoit engagés
a
rentrer sérieusement