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LETTRES
cence de mreurs qui régnoit parmi ces catholiques.
Ils vivent au milieu des Tur s qui sont cu plus grand
nombre qu'cux dans cette bou rgade , et il semble
que l'iufidélité qui les euvironnc ne serve qu'a eu–
tretenir et leur fermeté daus la pureté ele la
foi,
et
leur ferveur dans les pratiques du christiani me.
Le curé
m'
édifia plus encore que les paroissiens.
C'est
mi
hormne d'une ingénuité charmante, d'une
piété édifiante : il ne manque
a
rien de ce qu'il doit
a
son troupeau; sa vigilance
se
soutient, et
i1
porte
avec alégresse tout le poids du ni_inistere.
Il
est ce–
pendant d'un age fort avancé; t>t tous m'ont assuré
qt-i.'il a plus de cent dix ans. Ce bon vieillard me
ra–
conta, avec
un
air simple et nai'f, une chose surpre–
nante qui füi étoit arrivée il y a qnelques mois, et
qu'il regarde avec raison comme une espece de mi–
racle , du moins eomme une marque visible de la
protection de Dieu snr lui.
·
L'été passé , me dit-il , les pluies furent ici abon–
dantes et presque continuelles. Un soir qu'elles re–
doublerent extraordinairement' je me couchai aterre
sur ma natte,
a
la fa9on du pays, et selon ma cou–
tume-,
je
m'endormis tranquillement. La fontaine que
vous voyez derriere ma maison s'enfla tout-a-coup ,
les eaux percerent la muraille en plusieurs endroits,
et se firent plus d'un passage. Comme l'appartement
est au rez-de-chaussée, bientot toute la salle fut
inondée. Mon neven et ma niece qui avoient leurs
lits séparés , et qui étoient couchés
a
terre comme
moi, se sentant pénétrés des eaux qui les environ–
noient de toutes parts, se leverent promptement
pour remédier
a
ce désordre dont ils ignoroient
la
cause; ils approcherent de mon lit, pour savoir si
les
eaux ne m'avoient ni gagné ni étouffé. Quelle fut
leur surprise, lorsqu'a la lueur de la lampe qui étoit
encore allumée, ils s'aper9urent que finondation
m'avoit respecté,
et que les eaux qui
environnoient
xnon