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ÉDIFIANTES ET CURIEUSES. 441.
aux yeux, de vou.loir bien me transporter dans son
hahitation, et de venir le confesser lui et toute sa
roaison, qui étoit f~rt nombreuse; je fus attendri et .
tenté de lui accorder sur-le-champ sa demande. Mon
cher pere, me dit-il, depuis loug-temps nous sou–
haitons avec ardeur de voir un missionnaire, et j'ai
un pressentiment que vous nous visiterez. Demeurez–
vous, lui répondis-je, sur la route de Bescomta, et
serai-je ohligé de faire un grand détour pour m'y
rendre en passant chez vous? 11 m'avoua ingénument
que le détour seroit long, et qu'il habitoit dans des
montagnes perdues et presqu'entierement séparées
du commerce du reste des humains. Le devoir l' ern–
porta sur la tendresse; mais en refusant de me renclre
ases empressemens, je tachai de le consoler de mon
mieux. Je lui fis mel'ne espérer que peut-etre dans
un autre temps je pourrois aller a lui. Il me baisa la
main , et me dit en se retirant : Vous y viendrez ,
plutot que vous ne pensez; nous prierons tant le
bon Dieu, qu'il nous exaucera. J'ai confiance en lui;
il n'a pas coutume d'abandonner ceux qui le cher–
chent dans toute la sincérité de leur creur.
Je continuai mon chemin sans faire beaucoup
d'attention a ces dernieres paroles. J 'entrai dans le
village, ou je fis les mernes fonctions, et o-U je suivis
la rneme méthode que j'avois suivie dans la bourga'1le
dont j'ai parlé. J'y trouvai dans le peuple les memes
disposi~ions , et je puis dir~ avec vé,rité que Dieu ·
do11na a mes travaux les memes succes.
Je me remis en route; je parcourus divers villages
qui se trouverent sur mon passage, et ayant parfai–
tement oublié !'aventure du muntagnard, je ne son–
geois qu'a me rendre amon terme. Le chemin devint
plus difficile , et comme nous n'avions pas eu la pré–
caution de prendre un guide, hientot nous nous égara–
mes. Il fallut errer a!'aventure dans des pays déserts'
monter de montagnes en m.ontagnes, passer par plu-