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LETTRES

et je devins, sinon l'homme universel, du moins'

l'homme nécessaire de la mission. )'iais, graces en

soient rendues au Perc des miséricordcs, je fosen

état de faire facc

a

tout' et le succes surpassa mes

espé rauces.

·

Des villages,

je

me wmsportai dans les cahanes:

la

recommencerent mes occupations. Cette distinc–

tion de villages et

de

caJnnes vous surprend sans

doute :

je

vais vous

e>.

pliqoer ce mystere. C'étoit le

temps auquel on comm n9oit de travailler aux soies.

Quand une fois cetle saison est ycnue, la plupart de

nos montagnard quittcnt leurs hahítations, et

se

re–

tirent

a

la campagne dans des jardius ren;iplis de

mlirier blancs' nniquement destinés

a

la nourriture

des vers

a

soíe. C'est dans ces vasles jardins que

chaque faIDillc dsesse sa cabane faite de hranches

d 'arbres' de qninze

a

vingt pas en longueur' sur

si.'

a

sept en largeur. Ils nourrissent dans ces ca–

hanes quantité de versa soie, qu'ils mettent sur des

especes de claies faites

de

joncs et de roseaux,

a

cinq

ou six étages les unes sur les autres. Ces comparti–

mens occupent toutc

la

caban'e,

a

la rése:rve

de

deux

cl1emins étroits' pratiqués

a

droite et agauche pour

porter

a

manger aux vers '

ce

qui se fait réguliere–

m cnt deux fois le jour'

a

si.~

heures du matin et

a

six heures du soir.

,

Un

jour ci,,ue j'é tois

a

la porte d'nne

de

ces ca–

hanes' Je mmtre

a

qui elle appartenoit me :e_ria d'y

entrer, et d'y donner ma bénédiction. Je n'étois

pas encore fait aux mreurs

du

pays; j'eus quelque

répugnance a faire cene cérémonie. Un de nos peres,

.avec qui j'étois lorsqu'on m'adressa la parole, s'aper–

~ul

de mon embarras, el me dit que les

~1aronites

avoien

t

une si haute estime des missionnaires , que

si quelqu'un d'eux n'étoit venn les visiter, et bénir

l<'nrs cabaues dans le temps des soies , ils augure–

roient mal de

leurs

travanx. Ce discours m'

enhardit,