LETTRES
sentez l'allusion. A notre arrivée, nous allames droit
chez ce brave Chrétien , sur lequel nous comptions–
heaucoup. Nous ne filmes pas trompés, il nous
re~ut
avec des démonstrations de joie et une effusion de
cceur qu'il est difficile d'imaginer : il étoit presque
nuit quand nous arrivames.
·
D'ahord qu'il sut que nous étions les missionnaires
qu'il attendoit, il accomut avec empressernent pour
nous recevoir
a
la porte de son logis. La premiere
chose qu'j.l
fit
en no1 - ahordant
?
ce fut de nous
prendre la main droite , de la haiser , et de la porter
sur sa tete en signe de rrspect.
11
s'adressa ensuite
au pere que j'accompagnois, et
il
luí parla en ces
lermes : Pere , que tu sois le bien venu; au moment
que tu arrivois , je
te
portois dans mon esprit et
dans mon cceur; la bénédiction du Ciel est descen–
due sur moi et sur toute ma famille, par ta présence
et cclle de ton compagnon que voila: je compte ce
rnoment pour un des plus l1cureux de ma vie, pu.is–
qu.'eufiu
oici les auges d Se;igneur qui viennent
m'houorer de leur visite ,
et qui apportent da»s
notre pay l'abondance et la pa.ix. Je loue l'Autenr de
toutes choses, et je le remercie d'avoir procuré aujour–
d'hui un si grand bonheur ama nation: entre, pere,
entre dans ma maison, ou tu pourras commander,
et tu seras obéi. Ces compliroens, qui nous paroissent
avoir quelque chose d'emphatique, sont <lu\of1.t des
Orientaux, et ils ont eu arabe une noblesse, des
beautés , des gruces que notre langue ne sauroit
rendre. Le pere
y
répo11dit de son mieux, et rendit
politesses pour politesses.
Apres les pr mieres civilités, on nous conduisit
dans un grand appartement ou étoient assemhlées
11lusieurs persounes ' qui'
a
l'exemple du
pere
de
famille , viureut tous nous baiser la main. Nous.
remarquumes parmi ces Chrétiens un jeune enfant
de ciuq ans qni s'approcha de nous , se mit
a
genou~,