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LETTRES
ou l'on avoit couUlme de jouer ; il haranguoit ses
camarades.
Le
jcu , lcur disuit-il , est défendu pen–
dau t la mission; c'est ollenser Dieu de s'y amuser
jusqu'au départ des percs. Dieu donnoit de la force
aux
paroles de cet enfant missionnaire : ses compa
grrons le suivoient.
A
la tete de sa troupe, il entroit
da:ns -la chapelle les yeux baissés , les mains jointes :
Pere , me disoit-il , apprends - nous
a
conno1tre ,
a
aimer ,
a
servir ,
u
prier le
grand
Dieu que
tu
nous
preches. Son exemple inspiroit
a
toute sa suite de
la modestie , de l'attention , de la docilité, et en ce
moment je croyois etre , non pas au milieu d'nne
troupe d' enfans légers, mais de petits anges, et ce
spcctacle m'a tiré plus d'uue fois les larmes des yeux.
Jugez, mon révérencl pere , avec quelle ardeur,
quelle ailectiou ' quel
zele
je
me livrois alors
a
mes
fonctions.
A
l'instrnction chrétienne succédoit une
prédication ; nous finissions par la priere du soir,
et chacun se retiroit en nous donnant mille béné–
dictio11s. Chacun se retiroit; je me trompe , il en
restoit plusieurs qu.i nous retenoic>nt bien avant dans .
la nuit , et qui ne pouvoient se lasser d'entendre
parler de Dieu. N'ous étions si accablés, que nous
avions
a
peine le temps de satisfaire
a
nos exercices
spiritucls , et de prendre , couchés sur
la
dure,
quelques momens de sommeil. Ah
!
que des jours
si pleins nons paroissoient couler vite
!
Malgré les
hénécJictionsabondautes que Dieu répandoit sur cette
mission , nous laissames cependant l'ouvrage impar–
fait. Des besoins plus pressans ohligerent nos supé–
l'ieurs
a
nous rappeler; il fallut, malgré nous, nous
arracher
~t
un troupeau si cher ; mais nous
ne
déses–
pérons pas de reveuir un jour couronner la bonne
reuvre , et
y
mettre la derniere rnain. Je ne vous
parlerai polut des rcgrets dont on nous honora, des
larmcs dont
011
nous arrosa ;
ce
sont de légeres
'.!Onsolations
que Dieu
ménage qnelquefois
aux
mis-