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• 356

LETTRES

ou l'on avoit couUlme de jouer ; il haranguoit ses

camarades.

Le

jcu , lcur disuit-il , est défendu pen–

dau t la mission; c'est ollenser Dieu de s'y amuser

jusqu'au départ des percs. Dieu donnoit de la force

aux

paroles de cet enfant missionnaire : ses compa

grrons le suivoient.

A

la tete de sa troupe, il entroit

da:ns -la chapelle les yeux baissés , les mains jointes :

Pere , me disoit-il , apprends - nous

a

conno1tre ,

a

aimer ,

a

servir ,

u

prier le

grand

Dieu que

tu

nous

preches. Son exemple inspiroit

a

toute sa suite de

la modestie , de l'attention , de la docilité, et en ce

moment je croyois etre , non pas au milieu d'nne

troupe d' enfans légers, mais de petits anges, et ce

spcctacle m'a tiré plus d'uue fois les larmes des yeux.

Jugez, mon révérencl pere , avec quelle ardeur,

quelle ailectiou ' quel

zele

je

me livrois alors

a

mes

fonctions.

A

l'instrnction chrétienne succédoit une

prédication ; nous finissions par la priere du soir,

et chacun se retiroit en nous donnant mille béné–

dictio11s. Chacun se retiroit; je me trompe , il en

restoit plusieurs qu.i nous retenoic>nt bien avant dans .

la nuit , et qui ne pouvoient se lasser d'entendre

parler de Dieu. N'ous étions si accablés, que nous

avions

a

peine le temps de satisfaire

a

nos exercices

spiritucls , et de prendre , couchés sur

la

dure,

quelques momens de sommeil. Ah

!

que des jours

si pleins nons paroissoient couler vite

!

Malgré les

hénécJictionsabondautes que Dieu répandoit sur cette

mission , nous laissames cependant l'ouvrage impar–

fait. Des besoins plus pressans ohligerent nos supé–

l'ieurs

a

nous rappeler; il fallut, malgré nous, nous

arracher

~t

un troupeau si cher ; mais nous

ne

déses–

pérons pas de reveuir un jour couronner la bonne

reuvre , et

y

mettre la derniere rnain. Je ne vous

parlerai polut des rcgrets dont on nous honora, des

larmcs dont

011

nous arrosa ;

ce

sont de légeres

'.!Onsolations

que Dieu

ménage qnelquefois

aux

mis-