tDIFIANTES ET CURIEUSES.
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l'interrogeai avec plus d'aisance et de liberté. Je le
mis tout d'ahord sur le point d'hístoire proposé. Est-il
vrai, lui dis-je, que
le
prophete des Mnsulmans leur
ait ordonné de méuager les
n~ligieux
chrétiens? Ríen
n'est plus vrai, me répondit-il. Mais, repartís-je,
nos Fran9ais, je dis meme ceux qui se piqtrent d'une
érudition plus profo"nde, gard.ent sur cela un profond
silence, et nous n'en découvrons aucun vestige dans
leurs écrits. Cela peut etre,
dit-il:
mais la
cho~e
n'en
est pas moins certaine, et vous me permettrez de
vous dire, qu'avec toute leur science, nous sommes
e'n ce point plus croyahles qu'eux, parce que nous
avons des lumieres et despieces qu'as n'ont pas. Au
meme moment il tira de ses papiers un ancien
m(!nuscrit qu'il me montra; il étoit écrit en arabe,
et c'étoit toute l'histoire de Mahomet, racontée
fOl't
ati
long. Tenez, me dit-il, vons savez notre-langue,
lisez; sans entrer dans une discussion inutile , et
d'
odieuses comparaisons , voila de quoi terminer le
différend entre vos Fran9ais et nous. Je lus ce ma–
nuscrit, ou plutot je le dévorai; et comme je ne
voulois pas me contenter de le lire une fois, je
le
priai de me le laisser pour quelques jours; il y con–
sentit de
la
maniere
la
plus obligeante. En voici un
extrait fidele, du moíns quant
a
ce qui concerne notre
questión. Si j'y ai trouvé quelque chose d'un autre
gof1.t, vous ne me pardonneriez pas si je le rapportois:
cela seroit étranger
a
mon sujet:
jé
laisse ce soin
~
-ces auteurs , qui, pour se mettre au ton de notre
siecle , farcissent leurs livres de mille impiétés , de
mille obscénités, et qui ne respectent ni les mreurs
ni la religion.
Selon ce manuscrit, Mahomet étoit de
la
Mecque.
Sa naissance fut ohscure. Comme
il
avoit des sen–
timens élevés ' il pensa
a
se tirer de la misere' et
a
faire fortune. Trop connu dans son pays pour pou–
voir s'y distinguer ' il vouloit passer dans une terre