LETTRES
assez de .manége pour
~tre
législateur, mais pas assez
de courage pour
~tre
martyr: ainsi il prit le parti de
la fuite ; et, accompagné d'un grand nombre de ses
sectateurs, il se retira
a
Médine, ou il fut
re~u
comme
un homme envoyé de Dieu•
.Jusque-la il n'avoit employé que la voie d'exhor–
tation pour introduire sa nouvelle secte: mais comme
les choses n'alloient pas assez vite, conformément
a
ses desseins, il voulut,
ur
précipiter les événe–
mens, se servir de la v01e des armes; elle lui parut
plus Cüllfte. 11 se mit
a
la tete de qü.elques arabes
déterminés, et il marcha contre sa patrie. 11
y
fit
passer au
fil
de l' épée tous ceux qni s' étoient'opposés
a
son entreprise. Ce coup hardi et heureux grossit
ses troupes: bientót
il
se trouva
a
la tete d'une for–
midable et nombreuse armée ; il se rendit mahre
d'une grande étendue de pays ; il parcourut en con–
quérant les provinces voisines, et
il
pénétra jusque
dans le Hauran , ou
il
avoit paru quelques années
auparavant dans un équipage bien différent. 11
y
re–
trouva Sergius, son ancien ma1tre:
il
eut plusieurs
conférence
s aveclui; il en recut de nouvelles instruc–
tions. Ces
po.ur-paPlers
alla~erent
ses disciples; ils
en prirent ombrnge; et comme Sergius étoit un
homme dur et austere, ils appréhenderent qu'il n'en–
gageat leur chef'
a
qui ils avoient juré une obéis–
sance aveugle
'a
leur imposer des lois trop onéreuses.
Cett-e crainte, peut-etre mal fondée, leur
fit
pcendre
un partí violent ,' dont Sergius fut la victime, et ils
l'égorgerent pendant la nuit. L'histoire remarque
que les auteurs du meurtre avoient fait auparavant
une déhauche dans laqnellf> ils s'étoient enivrés; que ·
e'est la principale i;aison pour laquelle Mahomet
.ª
défondu le vin, dont il croyoit que· l'exces
avq1t
donné occasion
a
une action si détestable. Le ma–
nuscrit ajoute qúe pour
hon~rer
la mém.oire de Ser–
gius, dont le legislateur avoit reyu tant de bons