368
LETTRES
par plusieurs colonnes. Le tout est d'argent, et a
du
couter beaucoup. On voyoit autour de cet autel huit
gros fanaux dorés et ornés de sculpture; tout cela
faisoit un tres-bel effct.
Venoit apres cela le d ergé composé des Cordeliers,
des Réco lets, des Trinitaircs, des Domiuicains, tou¡
en chapes, et des Jésuites en manteanx longs.
Le dais, qui est d'un hcau damas blanca grane&
flf'urs d'or avec une magnifique crépine, étoit porté
par le prieur et les trois priucipaux officiers de la
confrérie, hahillés de blanc comme le reste des con–
frhes. C'étoit moi qui a ois l'honneur de porter la
sain te épine , et
j'
étois en chape avec une écharpe
brodée il'or. Cette relique qui consiste en une petite
hranche revetue d'or, est enfermée dans une e
ipe
de cristal, d nt le couronnement et le pied sont de
vermeil. Le dais étoit environné de quelques pretres
en dalmatiques, d'un grand nombre de flamh l aux, et
de quatre confreres qui portoient <le grands vases
d'argent remplis d' eau rose, dont ils arrosoient con–
tinueJlement les assi:;tans. Cette ocleur,
m~lée
avec
celle des parfums qu'on brúloit sans cesse dans plu–
sieurs encensoirs , embaumoit toutes les rues par
ou l'on passoit, et qui étoiPnt bordées d'un peuple
infini. La procession étoit fermée par une vingtaine
de confreres, et par les principaux dliciers des palais,
qui tous avoient un flambeau. 11 ne faisoit pas
Je
moindre vent, et le ciel étoit on ne peut pas plus
serein : jugez si tout étoit bien éclairé.
Tou~
les ambassadeurs qui sont ici, sans
m~me
en
excepter ceux d'Angleterre et de Suede ·, s'étoient
rendus dans di.fférentes rnaisons pour voir
passe~
cette procession. M. le marquis de ViUeneuve,
qm
est le nóLre, et qui se distiugue autant par sa rare ,
et solide pié té que p ar son zele ardent
a
soutenir et
a
étendre la religion, vint avec rnadame son épouse
daus uotre église
~
oii
la messe fut
chaut~e
en musique.
No.tre