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LETTRES
parurent:
<<
Pourquoi, leur dit le hacha en colere,
)) ne contentez-vous point vos troupes? Je saurai
)) bien vous en faire repentir;
qu'
on ferme les portes
)) du palais.
»
On exécutoit ses ordres, lorsqu'un
domestique vint lui dire
3.
l'oreille, que le canon du
chateáu étoit braqué contre le palais '· et qu'on se
préparoit
a y
mettre le
feu.
A
cet avis
il
baissa le ton , et parla
d'
accommode–
ment. Les deux agas parlerent haut
a
leur tour, et
lui dirent qu'il n'avoit point de paix
a
espérer de la
ville, qu'aux conditions suivantes.
1.
0
Qu'il restitu&t
les neuf cents bourses qu'il avoit
re~ues
depuis so11
arrivée
a
Damas.
2.
0
Qu'il renvoyat de son service
une
partie de ses troupes.
3.
0
Qu'~
s'engagcat
par
écrit de ne molester personne dnrant le temps de
son gouvernement.
4.
0
Enfin, que ce
jour-la
m~me
il élargh les pris· ·nniers.
U
promit ce qn'ou voulut,
pourvu qu'on mltbas les armes, etqu'on ouvrltles
boutiques
a
l'ordinaire.
Quoique tout pan'h tranquille,
o
laissa pas de
part et d'autre de se tenir sur ses
des. Bien en
prit aux hahitans; car trois jours apres
la
parole
clonnée, le hacha, suivi de quatre mille hommes,
entra sur le minuit dans
un
fanbourg dont il avoit le
plus de sujet de se plaindrc, et il le mit au pillage,
saccageant, hrúlan t les maisons , et tuant tous cenx
qui faisoient quelque résistance. L'alarme se commu–
niqua en peu de temps
a
la ville'
011
s'assernbla
au
plutót, et en si grand uomhre que le hacha,
apres
la
perte d'une partie de ses troupes, n'eut d'antre res–
source que de gagner en hate le sérail et ensuite
la
campagne. ·
I~e
tumulte
ne fut pas moins grand apres l'évasion
du hacha. Qn'
011
s'imagine de qnoi cst capable
un
peuple sans
fr~in,
vio
1
ent, indiscipliné , qui n'entend
la voix de personne, qui ne suit dans son empor–
lement d'antte
guid~ qt~e
sa
passion et sa
foreur: