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LETTRES

un ou deux mois de fievres malignes d'une espeee

inconnue en Europe; les plus fortes complexions

en sont altérées. On se fait cependant quelquefois

a

cet air , mais apres tout , on

n'y

voit guere .de

vieillards: ce qüi est admirable, c'est que si on de–

meure sur la mer dans un vaisseau, on n'est point

incommodé. C'est

a

Alexandrette que nos marchands,

pour porter des nouvelles

a

leurs correspondans

d'Alep , se servent de ces fameux pigeons de Bagdad,

les plus prompts et les plus rapid es messagers de

l'univers : ils font en trois heures ce que nos cava–

liers ne font qn'cn trois jours.

La caravane vi:nt me reprendre la nuit en passant;

TIOus marcham0s

tt

B eilon , ou l'air , les eaux , le

vin , tout est bon. Pour abréger la route nous lais–

s ames Antioche sur notre gauche , et nous chois1mes

notre ghe anpres d'un beau ruisseau, que les Turcs

~ppellent

Soouq sou

~

c'est-a-dire, ean froide. Effec-

1.ivcment l'eau f•n est extremcment fra'iche.

Le trente - quatrieme jour , apres avoir passé le

fl euve . Arefin , nons a rrí vames

a

la rnontagne que

snint Siméon

Stu

lite a sanctifiée par sa penitence :

e le porte encore anjourd'hui son nom, et les Turcs

l'nppellent

Giaba! Scheyks Semaon ,

c'est-a-dire,

l a montagne de saiut Siméon. Ceux qui m'environ–

noient , ignoroient l'origine de ce nom; je la leur

appris en leur racontant l'histoire du saint. Ils

l'écon–

terent avec joie , et me donner<:>nt mille bénédic–

tions pour lenr avoir

fait

ce plaisir. Vous voyez ,

mon révérend pere, qn'on passe ici pour savant

a

peu de frais . Vous ne sauriez croire combien ces

penples sont ignorans , surtout en matiere de rcli–

gion: jugn-en par ce trait. Un Grec me <lit un jour

fort

séri uscment, qu'on pouvoit faire pénitence de

ses péchés apres la mort.

J....

a proposition vous parolt

extravagante ; la preu-ve qn'il en apporta ne l'est pas

moins. N'est- il pas vrai, dit- il , qu'aussitót que