ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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conducteurs qui marchoient fort vite , ne me don–
noient pas le temps de les lire ; j'en lus quelqnes..- ·
unes
a
demi;
il
me parut que c'étoit des épitaphes.
~
onzieme jour de notre voyage, n.ous arrivames
a
un p assage daugereux au picd d'une petite mon–
tagne couverte d'arbres: les voleurs y ont souvent
pillé les caravanes , et dévalisé les voyageurs. Ce
lieu se nomme
Hatnamelou
-
Bogaz,
comme qui
diroit : le passage étroit de Hamamelou.
La,
notre
petitie troupe se mit sous les armes , et
fit
diverses
(léchaTges pour ave rtir les yoleurs , s'il y en avoit
dans le voisinage ' qu'il n'y avoit rien
a
faire ponr
eux , et qu'on ne les craignoit p as : nous é.tions
l>raves , nous aurions été deux cents contre dix.
A.pres cette inutile bravade , on alla camper sur le
hord d'un tres - beau ruisseau , honoré comme les
autres du nora de fleuve. Une petite caravane de
cham.eliers
y
arriva un peu apres nous , et ce
fut
de ces nouveaux hótes que j'appris une nonvelle
maniere de houlanger. Quelques - uns d'eux com.–
mencerent
a
mettre la main
a
la pate ' et
a
faire
sans four du pain pour leur
din~r.
Ce pain se fait
~n
moins de rien :
la
pate étant faite: et bien pétri.e,
ils en prennent un petit morceau qu'ils éten.dent sur
une platine de fer sous laquelle il y a du feu; qi,.1and
elle est
a
demi-cuite d'un coté ' ils la tóurnent de
l
1
~mtre
; ils la 1aissent c11ire pendant quelques mo–
mens , et leur pain est fait. Il est fort mince, on le
plie comme l'on veut; on.
y
enferme son fro:mage,
~
viande , ses reufs; il sert de plats , d'assiettes ,
et
m~me
de serviettes pour essuyer les doigts ; cela
VOilllS
dégoute, mais je vous assure qu'en
caravan~
t out cela est bon. Quoique je fusse avec de riches
marehands, nous avions un autre mets qui n'étoit
guere- plus rngol11.taní , et ql!le nous mangions
cepe~
dant avec délices. Apres le repas , on gardoit les
i·est~s
du pain ; et quand on t.r.ouvoit
l'ooc~ion
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