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:LETTRES
de
la
inanihe
la plus niaise qui se puisse imaginer.
Ce spectacle me réjouissoit. Je me rappelois nos pro–
-terbes
fran~ais,
et j'en reconnoissois la vérité. Les
petits oiseaux venoient en grand nombre insulter ces
uids, qui sont extrémement gros, et faits de
petits
branchages fort proprement entrelacés. Je ne sais
s'its
y
trouvoient des vers ou qmJqu'autre chose
a
mangei:;
mais je
sais qu'ilss'y attaclwient, qu'ils sem-
,
hloieut y gagner leur vie, et s'y divertir;
et
les non–
chalantes grues, qui en étoient témoins, ne s'"oppo–
soient point
a
leurs plaisirs.
Le second jour nous marchames huit heures seu–
lement, et nous fimes halte qu'il
n'
étoit pas encore
midi. La coutume de ce pays est de mettre tous les
ans les chevaux et les mulets
a
l'herbe
au printemps
pendant un mois. Les conducteurs des caravanes qui
voyagent
en
ce temps-la , pour ne pas óter tout- a–
fait
a
leurs bt'.!fes le droit qu'elle ont de se refaire'
ne font ordinairement que de fort petites journées,
pour leur donner le loisir dt' p aitre , et pour épargner
la dépense de l'orge qu'il faudroit leur fournir;
je
dis de l'orge, car on ne trouve presque point d'avoine
• en
ce pays, et celle qt\on voit en quelques endroitst
est vide et sans grain. Nous passames ce jour- la
mi
petit fl.euve, ou pour mieux dire un gros rnisseau
qui fait Rlusieurs détours: on me <lit qu'il s'appeloit
Nif;
je fe
pris
pour
le
fleuve Méandre, mais
je me
trompois.
Le troisieme jour, nous
n'avan~ames
notre chemin
que de deux lieues , et nous campames
a
la vue de
Dorgot. Nous
y
demeurames le reste du jour et
le
lendemain , pour attendre des marchands qui étoient
a
Thyatire _, et qui devoient venir grossir notre cara–
van
f'.
Quoiqu'il n'y eih point
la
de paturages , les
ñ erbes ne manquerent pas : aussitót que les gens
de
la
ville uous apers;ureni, ils en apporterent
en
ahon–
dance
pou1'
de
l'art§ent. Je profitai
de
ce séjour
pour