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• 332

LETTRES

couchant : nous n'osions partir de jour , de penr

d'etre

aper~us

des corsaires. N ous voguames toute

la

nuit par un temps assez rude; le vent varia,

mais

enfin il nous conduisit au port de Scio. Nos peres

a

qui

j'

étois annoncé depuis long- temps , me croyoient

per<l.u. Quelle fut leur joie quand ils me revirent

!

Il

fallut m'arrb.cher

a

leurs empressemens' et m'embar–

qner sur une galere du Grand-Seigneur , qui devoit

partir le lendemain. Je m'y rendis des le soir, et

j'y

fus

re~u

avec bon

té :

ainsi en usent toujours les Turcs

avec nos missionnaires , quand ils ont

a

passer d'une

ile

a

une autre , ou des Hes

a

la terre ferme. Ces in–

fideles les prennent volo11tiers sur leurs galeres,

ils

)eur font des amitiés, et ils leur laissent du moins une

liberté entiere de consoler et d'instruire la chiourme

chrétienne. Nous partJ:mes

a

deux heures apres

mi–

nuit, et nous n'arrivAmes

a

Smyrne que sur les neuf

hcures :

j'y

étois annonté comme

a

Scio , et l'on

fut

hien surpris de me voir. L'accueil fut des plus

gracieux.

J'arrivai

a

Smyrne le

I

8

d'avril' et j'appris en

arrivant qu'une caravane devoit partir pour Alep

le

1

3

de mai : je profitai de cette occasion. Quelques

correspondans de mes amis

d'

Alep me joignirent

~

des marchands arméniens de leur connoissance,

a

qm

ils me recommanderent; ils . e pouvoient me pro–

curer une meilleure compagnie: c'étoient de fort

ai–

mahles gens, et pendant tout le voyage, j'en

re~us

toutes les caresses et toutes les civilités possihles. Ils

·étoient persans , et presque tous d'Erivan. Je

fus

sur–

pris du peu qu'il en co1he par ces caravanes :

notr~

maitre m11letier ne prenoit que huit écus ponr le

mu–

let qu'il fournissoit pendant trente-qnatre jotus de

marche. Je lui en donnai dix, afin qu'il eut

un

peu

soin de moi; et je temarquai que cette petite gratifi–

cation me l'avoit aflectionné. Dans toute notre

cara–

vane,

qui

étoii composée d'une centaine de

personnes,