ÉDIFIANTES ET CURJ,JWSES.
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aller- me promener dans Dorgot , et y chercher des.
médailles: on m'en présenta quelques-unes qui ne
valoient rien. Je crois cependant qu'il doit s'en trou–
ve r en quantité dans ces pays ruinés de
l '
Asie mineure.
C'étoit autrefois le Pérou des Romains, et l'on en
briguoit les proconsulats pour s'enrichir; ainsi la mon–
uaie 1•omaine et les médailles y avoient grand cours.
Ni
les Anglais , ni les Véuitiens , ni nos curieux de
lfrance u'en ont point encore été chercher la, et par
conséquent, c'est une mine toute neuve qu'on
ne
fouilleroit pas inutilement.
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n'y a presque dans Dorgot que des Mahométans;
les Chrétiens et les Juifs n'y sont que comme en pas–
sant
et.pour y trafiquer : aussi les uns y sont-ils sans.
église, et les autres sans synagogue. Les Chrétiens
·sont tous arméniens, et ils demeurent dans ces sortes
de grands logis qu'on appelle
kates;
ils y entretien–
nent avec eux un de leurs pretres pour etre secourus
en
cas de nécessité ou de mort, Ils font leurs prieres
en
secret dans une chambre ; ils n'y disent point la
messe , parce qu'ils n'ont coutume de la dire · que
dans les églises consacrées; ils n'y gardent pas meme·
le saint sacrement: un pretre va le prendre a Smyrne
pour la communion pascale, et pour le donner en
viatique aux malades. Cet
éloi~nAment
est sujet
a
bien
de facheux inconvéniens. Cés honnetes Arméniens
me firent mille politesses; j'y répondis de mon mieu.x
par gestes et par signes. Je fus édifié
dtl
soin qu'ils
ont de prier pour les morts. Le soir du jour que
nous arrivames_, un de leurs
pr~tres
qui étoit
dft
notre caravane , assembla ll"s plus dévots, et aUa
.
faire sa priere avec eux daus un
cimeti~re
qu'ils ont
acheté des Turcs hien cherement, et qu'ils
conser~
vent par un catakerif du Grand.Seigneur; c'est ainsi
qu'
on noi:nme les commandemens que e prince signe
de sa mam.
A qllatre lieues de Dorgot, du
coté
dLl
nord'
il