ÉDIFIANTES ET CURIE USES.
31
r·
ou du moins quelque visage hurnain ; mais nou5
ne vlines que montagnf's snr montagnes , qne pré–
cipices sur précipices. N ous cl1erchames un peu d'eau
douce pour boire , pendant tout le temps qn'il plai–
roit
a
Dieu de nous reten ir dans ce désert , nous n'en
p111nes rencontrer; nous n'apercevions p::is rneme· un
seul arbre qui pút nous défendre du soleil , qui étoit
fort ardent. Le Seigneur bénit cepeudant nos re–
cherches , et je trouvai une grotte assez profonde ,
oú j'eus de l'ombre: tant que je voulus, et plus de
fra1cheur que je ne voulois. Ce qui nons inquiétoit
davantage , c'est que le vent parois
soit etre un veut
de tenue , et nous avions lie11 de craind.re qu'il ue
dnrat plus de huit jours. Cependant l'eau commen–
~oit
a
nous manqner' et il falloit que j'en deman–
dasse plus
'une fois pour f'n avoir. Apres tout, rien
ne troubloit davantage l'esprit de uos panvres gens ,
que la crainte des corsaires : on ne doutoit point
que si nous étions
aper~ns'
ils ne vinssent droit
a
hous, et l!e pillassent au moins notre salque. Je vous
laisse
a
penser ce que nous fussions devenus ; nous
serions morts de faim et de soif dans cette plage
<lé–
serte. Ce point de vue n'étoit pas gracieux. Je
con~us
alors une plus haute es.time que jamais de la vertu de
saint Frarn;,:ois Xavier, et de ses généreux imitateurs,
qui sont morts avec joie dans un semhJable ahandon;
celui oú je me voyois n ' étoit pas aussi extreme que
le leur. Je l'agréois par soumissiou aux ordres de
Dieu, mais je vous avoue de bonne foi, que j'avois
peine
a
en gof1.ter la douc.:eur; et quoiqne par la
gráce de Notre Seigneur je me dévouasse
~t
tout,
ce n'étoit qn'avec <les répuguances de la u ature ,
que je confcsse avec houte.
Nous passames trois jours dans ce n e pénihJe si–
tuation; enfin sur le rninuit s'éleva un vent foihle,
~1
la vérité, mais ass<'z fort pour nous tirer du Jieu oú
nous étions , et nous faiTe avancer vers 1'1le de Sumos.