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otre pilote y avoit sa maison et ses affaires, et e'étoit
la
qu'il étoit résolu d'aller, sans se mettre en. peine
de toucher
a
Scio, et d'y débarquer ceux qu'il avoit
re~us
sur son bord , avec promesse de les y porter:
e'
étoit une infidélité marquée, mais on sait assez
queles Grecs,ne sont pas fort scrupuleux sur l
'artide.Jero'aper~us
dans ceLte traversée combien ces
pauvre~
plariniers appréhendent les corsaires. Quoique nous
fussions assez avant enmer, ilsgardoientetilsfaisoient
gru.·der un silence aussi profond que sil'ennemi eUt été
tout proche. Quand
il
falloit parler, ils ne le faisoient
qu'a voix basse, et comme regardant si personne
ne
les entf"ndoit. Quoique je ne fusse guere plus hrave
~u'eux,
je fus tenté dans les premiers momens
de
rire de cette espece de comédie; mais il fallut
s'y
faire.
Nous cotoyions toujours 1'1le de Scio, et je priois
Dieu
de tout mon creur qu'il inspirat
a
notre pilote
d'aborder
a
la ville,
Oll
en quelque lieu VOÍSÍn, d'ou
nous pussions facilement nous
y
transporter. Je
crus–
~tre
e'X.ancé g:uand je vis soufiler un vent qui nous
~]oignoit
de Samos; mais ce vent cessa hientot , et
~pres
une J)onace d'environ unedemi heure,
il
rede–
yint ' malgré mes prieres ' favorable
a
notre pilote, .
~t
frakhissant insensiblement , il. le poussa
ep.
tres–
p eu de temps vers son
He ,
dans un méchant port
ou
il
n'y avoit pas un seul habitant. De
la
nous voyions
l'lle Icarie , et nous et'\mes tout le loisir de
la
con–
templer pendant un jour entier;
la
_roer étoit trop
agitée pour pouvoir démarrer. Le lendemain matin,
je pris avec moi
mqn
petit bagage , et je me trainai
comme je pus au village voisin, Les gens du pays
m e
dirent que c'étoit un port ; mais
e;
est un port
d'une nouveUe espece; ce n'est
autr~
chose que la
terre ferme ou les mariniers mettent leurs barques
a
~ec
sur le rivage , de peur que s'ils les laissoient en
mer, dans une si mauvaise rade
~
les cor$aires ne
v iussent s'en
saisir
et
les
enlever.