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LETTRES

séjour. Comme je n'enten.doispas assez bien la langue

du pays pour pouvoir

y

exercer mon ministere, je

m'entretenois pendant la jour:née avec saint Paul,

dont je lisois les divines épitres; et le soir j'avois une

assez longue conversation avec mon caloyer boulo–

nais, qui m'instruisoit <le mille choses qui me

fai–

soient plaisir. Ce fut de lui que j'appris l'état ou se

trouve aujourd'hui cette He: elle n'a plus de

villes~

L'ancienne Samos, qui en 'étoit la capitale , a perdu

ce nom, et dle s'appelle aujourd'hui

Meguii Khora;

elle est sitnée sur le bord de lamer

a

l'orient; c.'est

la

que le

~tmpolite

a son siége, et que.réside l'aga

turc ,

char~

de percevoir les droits du Gran·d-Sei..

gneur. Marato Cavo est au septentrion;

a

l'occident.

Carlovazi, Necori et Vati. Toutes ces hourgades sont

sur la cote. Dans les terres on trouve Platano, Cas–

tagne, Arvanito , Cori et Forni. Les montagnes sont

habitées par une colonie d'Albanai , qui s'y sont ré–

fugiés depuis plus d'un siecle; on n'a pu me

dire

a

quelle occasion. Ils gagnent leur vie

a

entretenir de

tronpeaux ,

a

peu pres comme les Arahes. .

L'argent est bien rare dans cette lle, et quand un

fois le Turc en a tiré

1

5,ooo écus, coinme il

fait

tous

les ans, il n'en reste guere. Cependant 1es terres et

les montagnes meme sont d'un assez bon rapport.

Sa

fertilit' et son abondance en faisoient autrefois un

objet d'envie, et attirereut les annes de

diver~ peu~

ples,

qui

vouloient s'en re11dre ma'itres. Elles don–

nercnt li u

a

un proverbe rapporté par Strahon, et

l'on disoit communément qu'a Samos, les poules

m~me

avoient du lait. Les habitans , qui sont tous

chrétiens, mettent en vignohles une honne partie des

terres qn'ils cultivent, parce que les Turcs ne levent

aucun droit sur les vignes, et les laissent posséder

aux héritiers apres la mort de celui qui en étoit le

maítre.

11

n'en est pas ainsi des terrcs ensemencées;

outre qu'ils en úrentº de

grands

d.roits, si le

chréiien