ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
317
~
qui elles appartiennent vient
a
mol~Úr
sans enfans
males' ils s'en saisissent et les vendent
a
qui il leur
plalt. Vous me demandere'.ll pourquoi cette différence
entre les v:ignobles et les terres lahourables; j'en étois
e1nharrassé comme vous, et voici ce qu'on m'a ré–
pondu. Cet usage différe:nt est venu., m'a-t-on dit,
de l'horreur qu'avo.ient pour, le vin les premiers
Turcs qui se sont emparés de cette 'ile. Ils ont regardé
comme des terres de malédiction cel1es ou on le re–
cu,eilloit; cette tradition s'est perpétuée. Les hahitans
n'en pensent pas comme eux, et
ils
:mettent cette
ahondante récolte au nombre des plus grandes bé–
nédictions temporelles. 11 faut que le terroir ou que
'
les
fa~ons
aient changé depuis le siede <.le Strabon
~
puisqu'il nous assure que de son temps Samos étoit
malheureuse en vin, tandis que les iles voisines en
:produisoient d'excellent et en abondance:
Ex
~ino
infeliz est
~
cum cmterm circumvicinte r;Íno optimo
abunden!.
I_Je vin fait presque tout le revenu de ces
insulaires ; ils vont le vendre
a
Scio, et surtout
a
Smyrne, ou les vaisseaux d'Europe en font de
grandes provisions. TI est chargé en couleur; il
port~
l>ien l'eau, mais il n'est pas fort délicat: le curé du
village ou
j'
étois m'en
fit
cependant boire
d~asse~
bon , mais cette espece est rare. On le déhite en
France pour du vin de Scio, et je crois que nos gour–
mets
fran~ais
en sont quelquefois la dupe. Le vin et
un peu de soie, voila tout le trafic de cette lle. Le
blé, l'huile et les antres denrées qu'elle produit, s'y
consomment. 11 me semhle qu'il me futditaussiqu'on
.;n enlevoit du bois pour batir des sai'ques en des bar–
ques. Cela se peut, car on yvoit des montagnes cou–
vertes de heaux. arbres, propres
a
cene sorte de
batisse..
Je vous ai déja ditque toute l'ile n'est habitée que
par des Chrétiens; ils sont tous du rit grec, et de
grands jeuneurs; ils passent tout le careme avec un_