JtDIFJANTES ET CURIEUSES•
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J-e
trouvai
U.
un pilote alhanais qui devoit mettr-e
a
la
voile
au
prem.ier hon
vent; comme je crus
q:u'il
~'élevernit
peut-etre des
le
lendema.iu, je
ne
me mis
¡ias fort en peine de chercher de logis; mais ayal\tt
faitmettre mes hardes dans sa barque , qu étoit
a
s.ecsur
le
sahie, je :résolus d'y coucher et
d'y
passer
lanuit. Vous
j
t1gez
bien ,
mon
révérend pere ,
que
mon
lit fut hientót fait, et qu'il n'étoit pas commode.
Le lendemain , voyant que le vent tenoit toujours.,
j'allai
a
un
village qui se nomme
Carlovazí,
pour
y
trouver une retraite , ou au moins du pain; mais par
'Jllalheur, je ne pus trouver ni l'un ni l'autre, ni pour
de
!'argent, ni par charité. J'eus meroe
de
la peine
a
renconp·er mon Albanais; je le déterrai c-ependant,
et je lui exposai' mes besoins: il m'envoya chez
UJ:l
de ses amis , ou je
fis
une légere collation , apres la–
quelle il fallut me .retirer dans ma barql!le, et en fairn
ma demeure trois jours et trois nuits. Enfin
la
place
ne
me
parut plus tenable' et je
commen~ois
a
etre
attaqué d'une grosse flux.ion , qui pouvoit avoir des
suites facheuses.
J....
e dimanche
ap.r~s
Ja
messe
~je
fis
tant par mes supplications, qu'on me lona bien cher
nn ,petit logis, et une honne vieille Sunamite s'offrit
a
faire ma cuisine.
Il
n'
étoit pas nécessaire
pour
cet
emploi qu'elle
fil.t
ni bien la'borieuse,
ni
bien hahile;
il ne s'ágissoit que de me faire cuire un
peu
de
ri~
avec de l'huile , et quelquefois un peu de mauves.
Pendant mon séjour
a
CarJovazi , je fis connois–
sance avec un caloyer ou religieux grec, natif de Bo–
logne en ltalie.
A
pres avoir servi dans les troupes de
Venise , il étoit venu se marier dans cette hourgade;
apres
la
mort de sa femme, il s'étoit fait moine au
mont Athos , et il avoit quitté son monastere pour
venir prendre soin d'un enfant qui lui restoit de son
mariage. Nous nous voyions presque tous les
soirs:
il gagnoit
sa
vie
a
cultiver
llll
jardin' et il m'apportoit
de temps
en
temps
un
petit
rafra'ichissemeut
de