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J.,ETTl'lES

]e vent c11angeat. Il devint meilleur , et

plusieur~

sai·ques et barques se disposerent

a

partir. Le pilote

de la petite barque qni dévoit me porter , ne vou–

loit metLre

a

la voile crue le lendemain: il souhaitoit

que je fusse sur son hord. Je n'en devinois pas la

raison ; je rte voyois pas de quel mal je pouvois le

garantir' et

a

quoi je pouvois luí

~tre

bon : mais

il

me dit qu'il étoit persuadé que s'il rencontroit mal–

heureusement des corsaires chrétiens, je le délivrerois

de leurs insultes , et que je luí sauverois au moins

son vaisseau; je ne jugcai pas

a

propos de me rendre

a

ses désirs. C'étoit le samedi au soir : ímpatient de

partir, je vouloís

~tre

a

Scio le dimanche matin,

pour

y

dire

1a

saínte messe; je me jetai dans une

salque qui levoit

1

ancre, et je n'avoís pour toute com–

pagnie que quelques mariniers de Pathmos, qui re–

tournoient dans cette

lle.

Je fus bien mal

payé

de

mon empressement, et il m'encollta cher :pour avoir

voulu précipiter mon départ.

Le vent étoit extremement fort, et nous l'avions

en poupe; mais notre pilote n'ayant pas bien distin–

gué pendant Jcs ténehrés de la nuit le canal que

forme la mer entre Scio et la terre ferme ; prit sa

i·oute par les derrieres de cet.,te 'ile , et il ne s'apergut

de son égarement qu'au lever du soleil. Il n'étoit plus

temps de rehrousser chemin, et le vent ne nous per–

mettoit pas de retourner en arriere : nous fümes

ohligés de continuer sur la rneme ligne , et de cher–

cher qrn"1que endroit oú l'on ptl.t jeter l'ancre, et se

mcttre

a

l'abri. Enfi.n on en trouva un, et l'on s'y ar–

reta. Ce fot

la

que je me rappclai et mis en

pratiqne

]a helle maxime tle Pittaque, ce sage de :Mételin :

Il

fout se précautionner , dit-il , coutre les accidens ,

f:lcheux ; mais s'ils arri vent , il fout les supporter

avec patience. Ayant mis pied

a

terre, nous mon–

tttmes par des 1·ochers f'scarpés sur des lrnuteurs , ·

pour voir si

11

ous. <lécouvririous ou quelque

rnaison,