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EDIFlANTES ET CURIEUSES.

3o5

J~

m,embarquai le

22

de mars, avec mes petites

provisions , résolu de jet"mer avec les Grecs , et de

ñ'etre pas moins austere qu'eux : ils ne mangeut

point de poisson, si ce n'est le jour de l'Annoncia–

tion et du d:imanche des Rameaux , qui s nt deux

jours privilégiés. La plupart ne mangent qu'un peu

d'herbes et de Iégumes. On leur permét les

buitre~

et les coquillagcs , les écrevisses et autres poissons

qui n'ont point de sang, et qui s'attachent aux ro–

chers. Ils sont si rigides dans l'abstinence d'reufs, de

heurre, de laitage , qu'étant malades

:J

ils aiment

mieux se laisser mourir que de

la

violer. On ne sait

ee que e'est que d'accorder des dispenses, de quelque

considération que soient les personnes qui les de–

mandent, et pour quelque raison que ce soit. Je

vous avoue, mon révérend pere, que cette sévérité,

peut-~tre

outrée, peu_t-etre déplacée, me fait faire

souvent d'affiigeantes réflexions sur l'audacieuse li–

berté avec laquelle on insulte aujourd'hui en France

a

ces saintes lois.

Une des choses qui inspire aux Orie-ntaux le plus

d'aversion pour l'Eglise romaine, est le relachement

m\ ils se persuadent faussement qu'elle nous

entr~

ti~nt

sur ce point.

Qu~lque

mal fondée que soit cette

é\Version, je ne voulus pas l'augmenter: elle eút été

ex.tl'

~me,

s'ils eussent vu un religieux comme

PlOi .

a

ussi immortifié que les séculiers; et malgré toute

ma régularité, il

y

avoit encore parmi les passagers

des gens qui ne me regardoient pas de bon reil, et

qui n'écoutant que leurs préventions, ne pouvoient

se persuader que je fusse fidele

a

ces ohservances.

Un jour que j'invitai une personne du vaisseau

a

venir manger avec moi un peu de riz assaisonné avec

d~

l'lmile' un jeune enfant de huit

a

neuf ans' quí

étoit,

a

ce que je crois' le fils d'un

pr~tre'

l'arréta'

et

lui dit qu'il prh garde

a

ce qu'il alloit faire

~

c¡u.a

T.

J.

20