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LETTRES
rois faire librement les fonctions de la religion; que
Paques approchant , ce s.eroit pour ces pauvres gens
une consolation de me voir , et de pouvoir, par mon
secours' satisfaire entre mes mains
a
leur devoir pas-–
cal. Ce fut un attrait pour moi ; mais vous verrez,
par la suite de mes aventures, que si j'ai eu en cela
quelque mérite devant Dieu, ce n'a été que le mérite
de la bonne volonté.
J'avois besoin d'une lettre de recommandation;
un révérend pere Capucin, missionnaire
zélé, m'en
obtint une du capitan-bacha, grand-amiral de l'em–
pirc , dont il est extremement considéré.
Par
cette
lettre , ce seigneur prioit les cadís de Scio et
de
Rhodes , de me regarder comme un de ses domes–
tiques, et de me procurer partout un libre passage.
En reconnoissance des bons offices que m'arendusce
révérend pere, permettez-moi un moment de vous
parler de l'usage qu'il fait de sa faveur.
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s'estservi
utilement
de
l'autorité du hacha pour placer un ar–
cheveque catholique dans l'église des Nestoriens
du
Diarbekir, et
il
n'empluie sa protection que pour le
bien de la religion et l'avancement du christianisme.
Il
a ac<;:ompagné son protecteur dans la de-rniere cam–
pagne contre les Moscovites; il est encore ici
a
sa
suite comme son médecin: c'est une espece d'escla–
vage ou le zele le retient; esclavage qui' pour
etre
vo_lontaire, n'en. est pas moins rude
a
un homme
de
la
vertu et du mérite de ce pere. Son état m'a
fait
concevoir que, si l'exercice de la médecine est utile
en ce pays, il faut prendre des précautions pour
ne
pas trop s'engager, surtout avec les grands.
On
com–
mence par etre
}e l.U
médecÍn , et
Oil
finit par etre
leur esclave. Quoi qu'il en soit , muni de la lettre
qu'il m'avoit oh-tenue,
je
ne songeai plus
qu'a
m'em–
barqner : il se trouva une grande sai"que grecque
pr~te
a
faire voile pour Scio;
a
la
recommandation
~'un
ami, j'y
fus
re9u sans rien payer.
Je