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LETTRES
!5ement d'nne mission en faveur des Maronites, per–
mit qu'une ,rude
temp~te
jetat son vaisscau sur les
cotes, voisines d'un petit village nonuné Antoura.
Les habitans de ce pays, apercevant un batiment
qui s'approchoit de leur cote' .le prirent pour un vais–
.seau corsaire; et sans trop examiner ce qu'il en étoit,
ils
y
cournrent et se saisirent du pere Lamhel't, de
.ses
de~nx
compagnons , et de quelqnes autres passa–
gers , et les cot1duisirent chez le commandant de
la
province.
Le commandant étoit Abunaufel, Maronite, sei–
gneur le plus recornmandahle de sa nation. La répu–
talion de sa probité étoit si bien. établie et si connuc,
que Louis
~V
d'heureuse mémoire, le choisit, tout
sujet du Grand-Seigneilr qu'il étoit, pour étre so11
consul de la nation
fran~aise
, et il lui en
fit
expédier
le hrevet.
· Ce fut devant ce seigneur que comparurent lepere
Lambert et ses deux compagnons. Abunaufel les in–
terrogea~
Dans les réponses qu'ils lui firent, ils décla–
rerent . ce qu'ils étoient' et pour lui en donner la
preuve, ils lui montrerent les patentes dú révérend
pere Général, par lesquelles il les reconnoissoit pouJ:
etre
~
sa compagnie' et destinés pour aller faire les
fonctions--de--missionnaires dans la Syrie.
Almnaufel compút sans peine que ces prétendus
corsaíres étoient des missionnaires que la Providence
Iui envoyoit. Il leur
fit
tout le bon accueil possihle,
.et les logea chez lui. L'arrivée de ces trois mission–
rüi,ires,, et les entretiens qlJ.'íl eut avec eux, lui firent
na1tre la
p~nsée
de faire en son pays l'établissep'l.ent
d'm}emission, pour donner aux Maronites duMont–
_Liban les secoui:s spirituels dont ils étoient souvent
·privés. Il en
fit
la propositi0n au pere Lambert, et
lui offrit un emplacement dans son propre domaine,
.situé dans la partie du Mont-Liban qu'on appelle le
Kesroari.