LETTRES
· Cependant, pour ne sepas tromper dans
la
réso–
lution qu'il avoit
a
prendre, il alla consulter un re–
ligieux de saint Augustin , qui avoit la réputation
d'etre un grand homme de bien ' et tre:i - éclairé dans
les voies de Dieu. 11 eut plusieurs conversations avec
lui, ou il lui
fit
le récit de sa vie ; il luí exposa les
pensées dont il étoit occupé depuis les visites qu'il
avoit rendues au tombeau de l'apótre saint
Thorna~,
et il le pria de lui dire son sentirnent sur les vues
.qu'il croyoit que Dieu avoit sur lui.
Le religieux son directeur ayant pris le temps con–
venable pour e:xaminer sa vocation , lui <lit qu'il ne
doutoit pas que Dieu ne l'appelat a son service, pour
travailler au salut des ames dans le pays ou la Pro–
vidence.
1'
avoit conduit, et que tout ce qui lui étoit
arrivé depuis son départ d'Alep , lui paroissoit etre
autant de moyens que Dieu avoit émployés pour le
retirer du cornmerce qu'il faisoit en cette ville , et
p~u~ l~li
faire. e_!Dhrasser le nouveau genre de vie qui
hu
eto1t mspire.
11 n'en fallut pas davantage au sieur l..1ambert, pour
le détenniner
a
suivre les impressions de l'Esprit–
Saint, qui le portoit intérieurement
a
la vie évangé–
lique. 11 ne songea plus qu'a exécuter les volontés
de Dieu. 11 s'agissoit d'abord de se faire recevoir
dans notre compagnie, et étant déja un peu agé , il
~ppréhenda
que son age nem'itobstacle asa
récept~on.
Pour prévenir toutes difficultés, il jugea
a
propos ,
.de
l'
avis de son directeur , d'aller en droiture
a
Rome
~
et de s'y adresser au général des Jésuites, qui apres
av_oir exami!1é et connu J>ª-JiJui-meme la conduite
?e
D1eu sur lm, ne pourro1t;
s~rdéfen
dre de le recevoir.
Rempli done de cette espérance qui lui parut bien
fondée, il s'embarqua pour l'ltalie. En chemin il eut
. occasion de racheter deux pauvres esclaves; il lesins–
truisit dans la foi catholique' et les disposa
a
recevoi1·
le saint bapteme.