ÉDIFIANTES
ET
CURIEUSES.
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La Providence favorisa les désirs de nos mission–
naires
a
l'occasion que je vais dire.
La peste qui venoit de
s~éteindre
a
Damas se ral–
luma bientót apres
a
Seyde. Nos Fran9ais en furent
les premiers attaqués. Ce fléau de Dieu les
fit
penset
a
leur salut' et
a
recourir 'promptement aux remedes
spirituels.
I~a
disette ou ils étoient
a
Seyde, de ces
secours les plus nécessaires , les obligea d'envoyer
a
Damas, en toute diligence, pour
y
demander le
pere
1~ran9ois
Rigordy, qui venoit de signaler son zele
et sa charité aüpres des pestiférés de cette ville. Ce
charitable missionnaire ne fut pas plu!Ót averti qu'on
le demandoit
a
Seyde, qu'il partit pour s'y reudre.
Sitó~
qu'il y fut arrivé, il se mit au service des ma–
lades' allant de l'un
a
l'autre pour les soulager' et
spirituellement et corporellement.
Heureusement la contagion n'y fut pus de longue
durée , ce qui donna lieu au pere Crasset, religieux.
de l'Observance, et commissaire de Terre-Sainte,
de proposer au pere Rigordy ele precher l'avent et
le careme dans son église.
·
Ce,_ pere se trouvant en effet peu occupé du soin
'des malades, dont le nombre diminuoit chaque jour,
accepta cet emploi. 11 commen9a ses·premieres pré–
dications avec un concours extraordinaire de tous
les
Chrétiens de la ville et de la campagne, qui ve–
JJ.Oient avec empressement entendre un homme d'une
si grande réputation dans le pays.
11
la méritoit, non-seulement par l'opinion qu'on
avoit de sa sainteté éprouvée tant de fois, et par son
ardente charité pour les malades pestiférés , au péril
m.eme de sa vie , mais encore par les grands talens
qu'il avoit re9us du Ciel : car il paroissoit en chaire
parlant avec un air prophétique; sa voix étoit grande
et agréahle , accompagnée d'un geste qui exprimoili
ce qu'il vouloit dire; ses discours étoient solides,
mais si pathétiques, qu'ils remuoient viveroent les
c~urs
les plus endurcis.