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ÉDIFIANTES

ET

CURIEUSES.

135

La Providence favorisa les désirs de nos mission–

naires

a

l'occasion que je vais dire.

La peste qui venoit de

s~éteindre

a

Damas se ral–

luma bientót apres

a

Seyde. Nos Fran9ais en furent

les premiers attaqués. Ce fléau de Dieu les

fit

penset

a

leur salut' et

a

recourir 'promptement aux remedes

spirituels.

I~a

disette ou ils étoient

a

Seyde, de ces

secours les plus nécessaires , les obligea d'envoyer

a

Damas, en toute diligence, pour

y

demander le

pere

1~ran9ois

Rigordy, qui venoit de signaler son zele

et sa charité aüpres des pestiférés de cette ville. Ce

charitable missionnaire ne fut pas plu!Ót averti qu'on

le demandoit

a

Seyde, qu'il partit pour s'y reudre.

Sitó~

qu'il y fut arrivé, il se mit au service des ma–

lades' allant de l'un

a

l'autre pour les soulager' et

spirituellement et corporellement.

Heureusement la contagion n'y fut pus de longue

durée , ce qui donna lieu au pere Crasset, religieux.

de l'Observance, et commissaire de Terre-Sainte,

de proposer au pere Rigordy ele precher l'avent et

le careme dans son église.

·

Ce,_ pere se trouvant en effet peu occupé du soin

'des malades, dont le nombre diminuoit chaque jour,

accepta cet emploi. 11 commen9a ses·premieres pré–

dications avec un concours extraordinaire de tous

les

Chrétiens de la ville et de la campagne, qui ve–

JJ.Oient avec empressement entendre un homme d'une

si grande réputation dans le pays.

11

la méritoit, non-seulement par l'opinion qu'on

avoit de sa sainteté éprouvée tant de fois, et par son

ardente charité pour les malades pestiférés , au péril

m.eme de sa vie , mais encore par les grands talens

qu'il avoit re9us du Ciel : car il paroissoit en chaire

parlant avec un air prophétique; sa voix étoit grande

et agréahle , accompagnée d'un geste qui exprimoili

ce qu'il vouloit dire; ses discours étoient solides,

mais si pathétiques, qu'ils remuoient viveroent les

c~urs

les plus endurcis.