LETTRES
disposa
a
souffrir avec mérite ce qu'elle avoit
a
crain.;..
dre de la fureur de son pere.
Elle
ut pas long-temps sans en sentir les effets;
car ce pere inhumain , croyant causer un chagrin
mortel
a
sa fille,
tit
les noces de sa cadette avec grand
appar~il;
mais
il
n'en demeura pas
la;
conservant
toujours contre sa fille ainée un vif ressentiment de
son refus , et l'accusant d'une rebellion criminelle et
punissable des derniers supplices ; ce pere inhumain
n"eut pas horreur, dans une assemblée chez lui ou
l'
on prenoit du café , d'en faire donner une tasse pré–
parée
a
cette innocente victime , qui la but sans savoir
qu'elle devoit hli-causer la mort. Peu de temps apres
elle se sentit attaquée d'une fievre lente, accompa-
.gnée de frissonnemens et de défaillances fréquentes,
qui l'avertirent que ses jours s'abrégeoient, et qu'elle
ne devoit plus songer qu'a mettre en pratique ce
qu'elle avoit appris de sa directrice la Maronite.
J..
a
fievre lente qui la consumcit redoubla. Dieu Iui
fit
la grace de conserver jusqu'au dernier soupir assez
de présence d'esprit pour produire les actes les plus
héro1ques de notre sainte religion , et pour faire
:\
Dieu le sacrifice de sa vie.
Ainsi mourut cette jeune martyre; son ame ,
comme nous le devons espérer de la bonté de Dieu
pour e11e, fut enlevée au ciel. Son pere, pour satis–
faire son ressentiment contre elle,
fit
jeter inhumai–
nement son corps <l.aus un puits; mais Dieu ne per–
mit pas que le
crim:~
d'un tel pere
frit
impuni.
11
mourut subitement pcu de temps apres la sainte
mort de sa filie.
Exemple de la sévérité redoutable des jugemens
de Dieu, comme la conversion et l'heureuse fin de
cette jeune
fille
est une marque sensible de ses in–
finies miséricordes.
Ces deux événemens arriverent vers la fin de
l'année
i697.
L ' un et l'autre donnerent matiere
a