116
LETTRES
générensement sa vie en cette occasion, pour délivrer
une esclave chrétierme' prete
a
tombcr entre les
mains des ennemis de sa pureté.
res l'avoir pré-
servée d'un péril si grand. et si
ssant, il la mit
en súreté chez un Grec, fervent catholique, et -l'un
des plus riches de sa nation, qui en prit autant 'de
soin que si elle eth été sa fille, jusqu'a pourvoir li–
béralemf'nt
a
son établissement.
Les in:fideles n'en demeurerent pas la; car outrés
de colere de ce qu'on leur avoit enlevé cette inno..:
cente victime, ils vinrent comme des furieux chez
nous, pendant la nuit, et enfoncerent la porte de
la
maison.
Le pere Blein étant venu au bruit , et s'étant
prés~nté
a
eux' ils se jeterent sur lui ' le tra1nereut
par terre, lui donnerent plusieurs coups, tirerent
m~me
-le couteau sur lui; il n'échappa a leur fureur
que parce qu'on vint au plutot
a
son secours.
Notre. cher mission.naire í1e nous en parut pas
plus ému; nous l'enteudions bénir Dieu du traitement
qu'on lui faisoit, pour l'action qu'il venoit de faire.
Votre paternité sait que la sacrée congrégation
nous a fait l'l10nnéur
d~
nous é<?r.ire une lettre, pour
nous témoigner la satisfaction a .e la charité de nos
catholiques dans cette occasiun.
Les marques du zele et de la charité du pere
Pierre Blein , dont nous venons de parler , n'ont
pas é1t lP.s seules qu'il nous ait données. Damas et
Alep en ont vu plusieurs autres, dont nous avons été
témoins..
Ayant appris un jour qu'une chrétienne dont il
avoit pris soiu , et qui étoit fort maltraité-e de son
mari , étoit daus le dessein d'embrasser la religion
des Turcs, espérant que ce changement la mettroit
a
couvert 1es cruautés de celui qui la faisoit souffi:ir;
· le.pere Blein trouva le moyen de parlera cette
femme~
Il lui représenta si vivement et si effi.cacement
l'hor-