l1T CURIEUSES.
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p1us :grandes marques de distinction. Il sera
dans la suite fort important d'apprendre la
langue lVfore , pour cultiver l'amitié dont
ces Seigneurs
Ma~ométans
nous honorent.
Vous ne sauriez croire de combien·d'embar-·
ras
ils
'm'
on t
tir~.
L'extreme misere qui, dep.uis deux
ans,
a été générale dans tout le Carnate, nous a
enlevé un granel nombre d'anciens Chrétiens.
Pendant ces deux aunées-la, il n'est pas tombé
une seule goutte de pluie ; les pui ts ,
les.
étangs
J
plusieurs rivieres
me
me onl: é!J}-á ..,ec ;.
le riz et tous les autres grains ont été brulés.
dans les campagnes, et rien n'étai t plus com–
mun parmi ce pauvre Peuple, que de passer
un et deux jours sans rien mangér. Des
familles entie1·es, abanuonnant leu r demeure.
ordinaire , allaient dans les bois pour se
nourrir
,
comme les· animaux, de frui:ts sau–
vages, de feuiHes d'arh res, d'h erbes, et de
raeines. Ceux qui av aient des enfans , les
veudaient pour une mesure de riz. ; d'autres,
qui ne trou.vaient point
a
les vendre ' les
voyant mourir cruellement de faim, les em–
poisonnaient pour ab réger leurs souffrances.
Un pere de famille vint me trouver un jour:
«
Nous mourrons de faim, me •dit-il; ou
>>
dot1nez-nous de quoi manger, ou je vais
»
empoisonner ma femme, mes cinq enfans, ,
>>
et ensuiteje m'empoisonnerai moi-meme.
">>
Vous jugez bien que dans une occasion pa–
reille, on sacri0e jusqu'a ses propres hesoins ..
A
u milieu de tant de malheurs, nous n'avons.
B
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