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LETTRES ÉD-IFIANTES

promptement

a

ma sureté. J e sortis ' et je

vis to!Jte

la

campagne couverte d'hommes '·

de femmes, d'enfans qui gagnaient les mon–

tagnes. J'avertis les Chrétiens

~e s'et~fuir

au

plutot; je Cé1chai le micux qu'il me fut pos–

sible les meubles de mon Eglise, et je me

l'etirai dans un bois voisin, , ou je passai la

nuit. Le matin, jappris que l'armée lVIaratte

n'était qu'a une demi-lieue, et que tout le

Pays était en combusti9n. J'avan<;ai done,

et

~

travers les épincs , les cailloux, les mon–

tagnes , je gagna.i Pond.ichery _,

ou j'arrivai

au bout de trois jours, s:ms avoir pris aucune

nourriture depuis mon départ.

Vers la mi-J

u

in

1741 _,

je

ha ~ardai

de

ren–

trer dans les terres. · Tout

y

ét::~il

dans un

état déplorable et

que

je- ne pnis exprimer.

URe de mes Egli ses a\;ait été brulée _,

une

~utre

pillée. Vingt-deux P euplades,

ou

était

la

plus belle portion de

la

Chréticnté confiée

a

mes soins, avaient été saccagées, beaucoup

de

Chrétiens massacrés _, d'autres faits escla–

ves; le reste était contraint d 'errer dans les

for ets et sur les montagnes.

A

la vérité, l'ar–

mée ennemie avait

dispa ~u;

mais un ramas

~pouvantahle

de brigands, Marattcs, l\1ores,

soldat~

des Princes particuliers , rodaient

s<~ns

cesse _,

et cherchaient avec aviclité ce

~rui

avait pu jusques-la échapper :m pillage.

Je

fus réd_uit pendant trois mois

a

faire des

~xcursions

extremement périlleuses, toujours

sur

le

point de tomber entre les mains de ces

n1alheureux. La

foi

J

la

patience ,,

la

résigna~