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LETTRES ÉDIFIANTES
d' Arcar et de tout le Pays , crut que
Santa..
saheb
,
son gendre , voulait se rendre indé–
pendant et usurper l'autorité souveraine dans
ses nouvelles conquetes. En conséquence, il
fit marcher son armée sous la conduite de ·
Sabdalíkam
son fils ainé. Le gros de l'ar–
.mée eut ' ordre de camper sur les confins du
:Maduré, et
Dostalikam
s'avanca avec douze
mille hommes vers
Trichirapdly. Santasa–
lwb
vint
a
la rencontre du grand Nabab son
beau-pere , et les affaires s'étant accommo–
dées ,
Dostalikam
fut
re~u
a
Trichirapaly
avec les honneurs dus
a
sa dignité
' ~et
y
resta plusieurs mois. Comme le camp n'était
qú'a
une petite demi-lieue de mon Eglise ,
les :Mores me rendaient de fréquentes vi–
sites. Un Co1onel '
a
lá tete de cent caYa–
lier.s , qui aJ.lait prendre l'air díms la cam–
pagne, ayant
aper~u
des arbres ,
s'avan~a;
:tnais ensuite , counaissant
que
c'était une
_Eglise des Chrétiens, il mit pied aterre avec
sa troupt;}, entra pieds nus dans 'l'Eg1ise , se
pros terna trois fois devant la statue de la S te.
·Vierge , et sorti t sans prononcer une parole.
Je le trouvai sur la porte de l'Eglise. I1 me
salua de la maniere la plus honnete, lo ua mon
zele d'avoi..r
bt.ti. une si be1le Eg1ise· au vrai
Dieu , parla de Jésus et de l\1arie avec le
plus p_rofond respect, et fit mettre sur l'au-
' tcl une roupie
(1) pour faire bruler de
1'
encens en l'honneur de
Bibi-JJ1aria
,
ou
(J)
Picce
d'argent
val~nt ~o
sous de
France.