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LETTRES
ÉDI FI ANT E5
monta~nes
qui séparent le Cami'l te du
Mai's~
sour, je m 'arretai dans une ville nommée
Gingcuna,
c:n\ so ixante-cinq personnes d'une
tneme famille, au mili eu
de
quatorze ·mille
Idolatres, fesaient
honneur
a
la Foi chré–
tienne par une vie
pure.et une concluite irré.;.¡.
prochable. Une veuve , appélée .Marguerite;
vraie femme forte , avait soutenu cetle
fa–
mille, malgré les violentes persécutions des
Pa'iens. Son esprit; sa sagesse et sa ferveur
fesaient respecter la .Religion , et les
Gen–
tils ne cessaient d'admirer sa régularité et
son courage. Elle avait pratiqué dans sa mai..:
son une petite Chapelle, ou je dis plusieurs
fois la Messe ; et je n'ouhlierai jamáis les
sentimens de piété avec lesq.uels ces chers
Néophytes approcherent des Sacremens.
Le
Chef de la Ville , dont le pere est mort en
hon Chrétien , me dit un jour en me
ren-o~
dant visite :
au-reste, je déteste les Dieux
du. Pays
,
et je ne fréquente point leur
Temple. Pourquoi;
lui demandai-je?
c~est,
répondit-
il,
que la vcrtueuse Jlfar¡Juedte
m'a souvent prouve que la R eligion des
ltz,.¡
diens n'était qLi'un ramas de folies inventées
par les Brames pour tromper le Peuple et
pour vivre : que toutes ces Divinités
n'
étaient
que des D émons; qu'il ne fallazt adorer
-
qn'un Dieu, S eigneur, Souverain et Créa ..;
t eur de tout_es choses. Je trouve
,
ajouta–
t-il,
qt./ elle a raison.
lYiais
_,
lui répondis-je,
paisque vous avez tant de déférence pour
les avis de cette femme respectable; que
n~,