![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0412.jpg)
C H I
grand roi
tnéchant homme, jamais , l:lJoute-t-il,
monarque'ne gouverna
~vec
plus
~'autor~té, jan~a~s
po!itiqu~
ne refpeél:a moms les c.lro1ts de
~ ht_lm~mte:
Je ne vots pas quelle grande vertu cet ecnvam hu
fuppofe. Thierri fut un grand général; du courage
&
des talens fuffifent pour l'etre, mais il faut des
vertus pour mériter le ritre de grand roi,
&
c'eft
déshonorer la politique· que de la confondre avec la
plus infigne perfidie. Théodeberr, fon fils, fe mit
aufú-tót en pofieilion de fes états , malgré les efforts
de Clotaire
&
de
Childebert,
qui fe réunirent
él
deífein
de l'en dépouiller; ,ils s'étoient déja préfentés aux
peuples pour en recevoir le
íi
rment de fid élité, ce
qui fuffifoit alors pour avoir
l~empire.
Les frans:ois,
fous la premiere
&
fous la fe conde race,étoient libres
de leur fuffraoe' pourvu qu'ils fe donnaífent
a
un
prince du fang royal ,
&
celui qui _fe P!·éfen_roit le
premier étoit toujours sfL.r de l'obtem;_, _s'd ér01t
aíf~z
puiífant pour fe faire cramdre. Jufqt't
ICI
les Frans:01s
ne s'étoient encere fignalés que dans les Gaules: ils
faifirent avec empreífement l'occaúon de fe faire
connoitre au-dela des Pyrénées. Les orthodoxes
d'Efpagne faifoient des plaintes continuell es contre
les Viíig.oths Ariens . Ce fut fur ce prét:exte que
Chil–
debert
&
Clotaire leur déclarerenr la guerre : ici les
hiíl:oriens de France
&
d'Efpagne font partagés,
ceux-ci prétendent que les
Fran~ois
furent batrus
&
contrairits de marchander a prix d 'argent le paífage
des Pyrénées. Les autres prétendent que leur entrée
en Efpagne fut íigndlée par d'é.clatantes viél:oires,
qu'ils foumirent l'Aragon
&
mtrent le fiege devant
Sarrago ífe ; mais certames particularités, donr nos
hiíl:oriLnS ac-compagnent Ieur recir , nous le rendenr
fort fufpeél:. Sui vant eux
~
C lot aire
&
ChiLdebert
al–
loient enrrer dans Sarragoífe, lorfque les Vifigoths
parurenr en
proc ~ffion
fur les remparts; les deux
rois, ajourent-ils, furent tellemenr touchés de cette
pompe reliaieufe , qu 'its ordonnerent de ceífer l'af–
{aut
&
fe
~onr enrerent
de la tunique de Saint Vin–
cent'que 1 ur donnerent les affiég_és. Cette particu–
larité eO:-elle croyable dans Clota1re? ce monarque
qui -avoit ma ífacré fes propres neveux, qui s'étoit
fouillé de pluíieurs inceíl:es , portoit-il fi loin fon
.refpeél: pour
les
chofes faintes? cependant Théode–
bert
&
Théodebalde , l'un fils, l'autre arriere-fils de
Thierri, luiavoient fucceffivemenr fuccéd ' an royan·
me d'Aufirafie,
&
a voient montré des
qualité~
dignes
du trone , oit ils n'avoi ent fait que paroltre ; une
mort prématurée les avoit enlevés l'un
&
l'autre.
Clotaire dont nous avons fait connoitre le peu ele
fcrupule dans fes alliances, qui avo it époufé la veuve
Cle fon frere
&
la freur de fa femme, époufa encere
fans remords la femme de Théodebalde,
fonarnere–
neveu : l'ambition
&
non pas l'amour
préfi.da a ce
nouveau maríage, ou plntot a ce nouvel inceíl:e :
'Clotaire le confomma pour
s~ífurer
la
poffeffion de
l'Auíl:rafi.e dont il s'étoit emparé,
&
dont il ne vou–
loit faire aucune
_part
a
Childebert :
celui-cí n'ofant
r éclamer les loix du partage, fe vengea de l'injuíl:ice
.de fon frere en femant le trouble dans fon royaume ;
il excita fes fujets
&
fes enfans
a
la révolte. Les
Saxons déployerent le premier étendart de la guerre
civile, ils la foutinrent avec courage
&
non fans
quelques fucces : ils furent tantot
vainqu~urs
&
tan–
tot vaincus; Clotaire fut meme contramt de leur
accorder la paix a des conditions modérées.
Childe–
b4rt
mourut au milieu de cette guerre/que fa ven–
geance fecrette avoit allumée : il ne laiífoit point
cl'enfans males ; Ultrogote , fa femme , fut exilée
auffi-tot apres fa mort, ainfi que fes deux filies
Chrodeberge
&
Clodeúnde. Ce prince étoit auffi
méchant que fes freres ;
&
s'il commit moins de cri–
mes, ce fut en luí impuiírance' du vice
&
non pas
amour de la vertu: ce fLlt lui q'Ji confeilla le meurtre
C
H
I
399
des enfans de
<;!o~omir , ~es.
neveux ;
fes
cendres
repofent dans 1
egli~e
de Samt G ermain des-prés ott
fon tombeau fe voJt encore. Cependan,t l'in .endie
que Clotaire venoit d'éreindre dans la Saxe , fe ralln–
moit dans la Bretagne; <.;hramne , l'a1né de fes fils
&.
c~lui
q"u'il avoit le plus
tend~eme!l t
aimé, paroiC:
fo1t a la tete des rebelles: le ro1 en t1ra une
venoean~
ce. effrayante; la Bretagne fut ravagée ,
Chram~e
fut
vamcu, fait prifonn1er,
&
lié fur un banc : ce fut
dans cene pofiure qu'il périt au rnilieu des flammes
t
un tepentir amer fuivit bientót le fup pl;ce du rebelle;
&
s'empara du creur du monarque. Clotaire éprouva
qn'on ne viole po;nt impunément les droits de la na·
ture'
&
qu'un pere ne fauroit etre barbare envers
f~s
fils, fans éprouver fes vengeances., Une fievre
vwlente, excitée par les regrets de la
mott
de
~hramne
,, l
e conduifit au ¡ombeau dans la foixan–
tt_eme annee
c.lefon age : fon regne fnt d'environ
~mquant~-un
ans; fon ame fut déchirée dé remo!·ds,
tl
d~tefi:OI~
fur-tout fon orgueil ; fa maladie 1ui en fit
fentlr l.e neant : ((que ce Dteu dLl cíe
t,
difoit-il, dans
»
fo~
hr de n:ort, eft puiífant, voyez comment il
"trane les r01s de la terre ),. On a remarqué
qu~il
mourut précifément unan apres' le meme jour
&
a
la meme heure qu'il
avoi t
fait brí'tler Chramne. Che–
rebert, Gontrand, Sigibert
&
Chilpetic,
(¡
s fils
conduifirent fon corps dans la plus grande pompé ;
de Compiegne
Oll
il mourut, a Croui' pres de Soif–
fons, oú il fut inhumé, dans l'églife de Saint Médard
qui lui doit fa fondation. Outre les quatre princes
que nous venGns de nommer, Clotaire eut une filie,
nommée
Clodotinde
,
qu1 fut mariée
a
Alboin, roi
des Lombards : quelques écrivains lui donnent une
feconde filie, nommée
BLitiLde,
donr ils font defcen•
dre les rois de la feconde race. (
M-Y.
)
'
CHILDEBERT 111'
xvae
roi de France' frere
&
&
fucceífeur de Clovis Ill
(premiere race)
naquit
ve,rs l'an 683 de Thierri IV
&
de Crotilde : il
monta fur le tróne en 6'9 5'
~gé
d'envit'·on onze
a
douze ans. La puiífaQ,Ce fonveraine
é
oit alors enrte
les mains des maires du palais. Les rois ,
dégrad~s
par ces ambitieux miniíl:res, ne conferverent plus
qu'un vain titre. Le jeune monarque fut relégué,
a
l'exemple de fon pere
&
de fon frere, dans une
maifon de plaifance, oil Pepin lui procura tout ce
qui pouvoit contribuer a fes plaifirs,
&
rien de ce
qui pouvoir l'.iníl:ruire, ou lui infpirer des fentinieñs
dignes de fon rang. Ce miniíl:re, qui
hé
fongeoit
qu'a égarer fa jeuneífe, l
ui fit croire qu'il étoit in...
digne d'un roí de France c.le defcendre dans Íes rlé-
/ tails du gou vernement; que fon fang étoít trop pré–
cieux, pour qu'il d('tt s'expofer au da12ger des guer–
res;
&
qu'enfin, il étoit dangereux de paro1rre trop
fou vent en public' que l'on s'expofoit a diminuer
la vénération du peuple
&
des grands. Ces laches
confeils, plus conformes an génie des Afia tiques,
qu'a celuidesEuropéens,fnrent adoptés par'un prince
fans expérience,
&
dont le coour trop facile étoit fuf–
ceptible de toutes les impreffions. 11 ne faut done
pas s'étonner, dit un moderne , que
Chiüiebett
ait
vécu, fans avoir feulement p·enfé qu'il dftt agir ni:
qn'il dut faire autre chofe , que de fe montrer le
premier j,our de mars aux grands feigneurs; pour
en recevoir des préfens accoutumés. Tel fut l'ufage
coníl:ant fous la premiere
&
fous la feconde races ;
jamais les grands n'approchoient dn trone , fans.
faire quelqu'offrande an fouverain. Ce tribut vo–
lontaire ' qui faifoit honneur
&
au m·onatqtte
&.
au fujet , formoit un tréfor, fous la direB:ion du
gr<lnd-chambellan
~
de la ,reine, d'oit l'on tiroit l:s
préfens pour les pnnces etrangers, ou pour les mi•
litaires qui s'étoient diíl:ingués par quelqu'aBion él'é–
clat. On ne voit" pas, difen t les écrivains du tef!ls,
que pendant les dix-fept années qu'i[ pona le utte