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C H I

grand roi

tnéchant homme, jamais , l:lJoute-t-il,

monarque'ne gouverna

~vec

plus

~'autor~té, jan~a~s

po!itiqu~

ne refpeél:a moms les c.lro1ts de

~ ht_lm~mte:

Je ne vots pas quelle grande vertu cet ecnvam hu

fuppofe. Thierri fut un grand général; du courage

&

des talens fuffifent pour l'etre, mais il faut des

vertus pour mériter le ritre de grand roi,

&

c'eft

déshonorer la politique· que de la confondre avec la

plus infigne perfidie. Théodeberr, fon fils, fe mit

aufú-tót en pofieilion de fes états , malgré les efforts

de Clotaire

&

de

Childebert,

qui fe réunirent

él

deífein

de l'en dépouiller; ,ils s'étoient déja préfentés aux

peuples pour en recevoir le

íi

rment de fid élité, ce

qui fuffifoit alors pour avoir

l~empire.

Les frans:ois,

fous la premiere

&

fous la fe conde race,étoient libres

de leur fuffraoe' pourvu qu'ils fe donnaífent

a

un

prince du fang royal ,

&

celui qui _fe P!·éfen_roit le

premier étoit toujours sfL.r de l'obtem;_, _s'd ér01t

aíf~z

puiífant pour fe faire cramdre. Jufqt't

ICI

les Frans:01s

ne s'étoient encere fignalés que dans les Gaules: ils

faifirent avec empreífement l'occaúon de fe faire

connoitre au-dela des Pyrénées. Les orthodoxes

d'Efpagne faifoient des plaintes continuell es contre

les Viíig.oths Ariens . Ce fut fur ce prét:exte que

Chil–

debert

&

Clotaire leur déclarerenr la guerre : ici les

hiíl:oriens de France

&

d'Efpagne font partagés,

ceux-ci prétendent que les

Fran~ois

furent batrus

&

contrairits de marchander a prix d 'argent le paífage

des Pyrénées. Les autres prétendent que leur entrée

en Efpagne fut íigndlée par d'é.clatantes viél:oires,

qu'ils foumirent l'Aragon

&

mtrent le fiege devant

Sarrago ífe ; mais certames particularités, donr nos

hiíl:oriLnS ac-compagnent Ieur recir , nous le rendenr

fort fufpeél:. Sui vant eux

~

C lot aire

&

ChiLdebert

al–

loient enrrer dans Sarragoífe, lorfque les Vifigoths

parurenr en

proc ~ffion

fur les remparts; les deux

rois, ajourent-ils, furent tellemenr touchés de cette

pompe reliaieufe , qu 'its ordonnerent de ceífer l'af–

{aut

&

fe

~onr enrerent

de la tunique de Saint Vin–

cent'que 1 ur donnerent les affiég_és. Cette particu–

larité eO:-elle croyable dans Clota1re? ce monarque

qui -avoit ma ífacré fes propres neveux, qui s'étoit

fouillé de pluíieurs inceíl:es , portoit-il fi loin fon

.refpeél: pour

les

chofes faintes? cependant Théode–

bert

&

Théodebalde , l'un fils, l'autre arriere-fils de

Thierri, luiavoient fucceffivemenr fuccéd ' an royan·

me d'Aufirafie,

&

a voient montré des

qualité~

dignes

du trone , oit ils n'avoi ent fait que paroltre ; une

mort prématurée les avoit enlevés l'un

&

l'autre.

Clotaire dont nous avons fait connoitre le peu ele

fcrupule dans fes alliances, qui avo it époufé la veuve

Cle fon frere

&

la freur de fa femme, époufa encere

fans remords la femme de Théodebalde,

fon

arnere–

neveu : l'ambition

&

non pas l'amour

préfi.d

a a ce

nouveau maríage, ou plntot a ce nouvel inceíl:e :

'Clotaire le confomma pour

s~ífurer

la

poffeffion de

l'Auíl:rafi.e dont il s'étoit emparé,

&

dont il ne vou–

loit faire aucune

_part

a

Childebert :

celui-cí n'ofant

r éclamer les loix du partage, fe vengea de l'injuíl:ice

.de fon frere en femant le trouble dans fon royaume ;

il excita fes fujets

&

fes enfans

a

la révolte. Les

Saxons déployerent le premier étendart de la guerre

civile, ils la foutinrent avec courage

&

non fans

quelques fucces : ils furent tantot

vainqu~urs

&

tan–

tot vaincus; Clotaire fut meme contramt de leur

accorder la paix a des conditions modérées.

Childe–

b4rt

mourut au milieu de cette guerre/que fa ven–

geance fecrette avoit allumée : il ne laiífoit point

cl'enfans males ; Ultrogote , fa femme , fut exilée

auffi-tot apres fa mort, ainfi que fes deux filies

Chrodeberge

&

Clodeúnde. Ce prince étoit auffi

méchant que fes freres ;

&

s'il commit moins de cri–

mes, ce fut en luí impuiírance' du vice

&

non pas

amour de la vertu: ce fLlt lui q'Ji confeilla le meurtre

C

H

I

399

des enfans de

<;!o~omir , ~es.

neveux ;

fes

cendres

repofent dans 1

egli~e

de Samt G ermain des-prés ott

fon tombeau fe voJt encore. Cependan,t l'in .endie

que Clotaire venoit d'éreindre dans la Saxe , fe ralln–

moit dans la Bretagne; <.;hramne , l'a1né de fes fils

&.

c~lui

q"u'il avoit le plus

tend~eme!l t

aimé, paroiC:

fo1t a la tete des rebelles: le ro1 en t1ra une

venoean~

ce. effrayante; la Bretagne fut ravagée ,

Chram~e

fut

vamcu, fait prifonn1er,

&

lié fur un banc : ce fut

dans cene pofiure qu'il périt au rnilieu des flammes

t

un tepentir amer fuivit bientót le fup pl;ce du rebelle;

&

s'empara du creur du monarque. Clotaire éprouva

qn'on ne viole po;nt impunément les droits de la na·

ture'

&

qu'un pere ne fauroit etre barbare envers

f~s

fils, fans éprouver fes vengeances., Une fievre

vwlente, excitée par les regrets de la

mott

de

~hramne

,, l

e co

nduifit au ¡ombeau dans la foixan–

tt_eme annee

c.le

fon age : fon regne fnt d'environ

~mquant~-un

a

ns; fon ame fut déchirée dé remo!·ds,

tl

d~tefi:OI~

fur-tout fon orgueil ; fa maladie 1ui en fit

fentlr l.e neant : ((que ce Dteu dLl cíe

t,

difoit-il, dans

»

fo~

hr de n:ort, eft puiífant, voyez comment il

"trane les r01s de la terre ),. On a remarqué

qu~il

mourut précifément unan apres' le meme jour

&

a

la meme heure qu'il

avoi t

fait brí'tler Chramne. Che–

rebert, Gontrand, Sigibert

&

Chilpetic,

s fils

conduifirent fon corps dans la plus grande pompé ;

de Compiegne

Oll

il mourut, a Croui' pres de Soif–

fons, oú il fut inhumé, dans l'églife de Saint Médard

qui lui doit fa fondation. Outre les quatre princes

que nous venGns de nommer, Clotaire eut une filie,

nommée

Clodotinde

,

qu1 fut mariée

a

Alboin, roi

des Lombards : quelques écrivains lui donnent une

feconde filie, nommée

BLitiLde,

donr ils font defcen•

dre les rois de la feconde race. (

M-Y.

)

'

CHILDEBERT 111'

xvae

roi de France' frere

&

&

fucceífeur de Clovis Ill

(premiere race)

naquit

ve,rs l'an 683 de Thierri IV

&

de Crotilde : il

monta fur le tróne en 6'9 5'

~gé

d'envit'·on onze

a

douze ans. La puiífaQ,Ce fonveraine

é

oit alors enrte

les mains des maires du palais. Les rois ,

dégrad~s

par ces ambitieux miniíl:res, ne conferverent plus

qu'un vain titre. Le jeune monarque fut relégué,

a

l'exemple de fon pere

&

de fon frere, dans une

maifon de plaifance, oil Pepin lui procura tout ce

qui pouvoit contribuer a fes plaifirs,

&

rien de ce

qui pouvoir l'.iníl:ruire, ou lui infpirer des fentinieñs

dignes de fon rang. Ce miniíl:re, qui

fongeoit

qu'a égarer fa jeuneífe, l

ui f

it croire qu'il étoit in...

digne d'un roí de France c.le defcendre dans Íes rlé-

/ tails du gou vernement; que fon fang étoít trop pré–

cieux, pour qu'il d('tt s'expofer au da12ger des guer–

res;

&

qu'enfin, il étoit dangereux de paro1rre trop

fou vent en public' que l'on s'expofoit a diminuer

la vénération du peuple

&

des grands. Ces laches

confeils, plus conformes an génie des Afia tiques,

qu'a celuidesEuropéens,fnrent adoptés par'un prince

fans expérience,

&

dont le coour trop facile étoit fuf–

ceptible de toutes les impreffions. 11 ne faut done

pas s'étonner, dit un moderne , que

Chiüiebett

ait

vécu, fans avoir feulement p·enfé qu'il dftt agir ni:

qn'il dut faire autre chofe , que de fe montrer le

premier j,our de mars aux grands feigneurs; pour

en recevoir des préfens accoutumés. Tel fut l'ufage

coníl:ant fous la premiere

&

fous la feconde races ;

jamais les grands n'approchoient dn trone , fans.

faire quelqu'offrande an fouverain. Ce tribut vo–

lontaire ' qui faifoit honneur

&

au m·onatqtte

&.

au fujet , formoit un tréfor, fous la direB:ion du

gr<lnd-chambellan

~

de la ,reine, d'oit l'on tiroit l:s

préfens pour les pnnces etrangers, ou pour les mi•

litaires qui s'étoient diíl:ingués par quelqu'aBion él'é–

clat. On ne voit" pas, difen t les écrivains du tef!ls,

que pendant les dix-fept années qu'i[ pona le utte