CHA
foibleífe de fon gouvernement. La France & l'Italie
étoient dans l'état le plus déplorable :les Normands
avoient faccagé Rouen;
ex.
les Sarraíins qui étoient
maitresdu midi de l'Italie, faifoient des courfes
j
ufqu es
éJUX
portes de Rome. Le pape, ne
ceifo~t
d'éc_rire
l~s
Iettres
les
plus preífantes pour
1
engager a fe fa1re vo1r
aux ennemis du nom chrétien; mais ce fut inutile–
ment qu'il en attendoit des fecours.
Charles/a
la vérité,
pa!fa les Alpes;
il
s'avanc;a meme jufqn'a Pavie,
ott
Jean VIII le vint tronver. Le pontife efpérant ame–
ner le monarque
a
fon but ,
en
flartant fa vanité , le
félicitoit fnr
la
gloire dont
il
alloit fe couvrir en chaf–
fant les
in~deles,
lorfqq'un bruit fe répand que Car–
loman fe prépare
a
enrrer en Lombardie
a
la tete
d'une armée. Cette nouveHe les glace d'effroi l'un
&
l'autre ;
le
pf:lpe s'enfuit auffi-tot vers Rome,
&
le monarque
r<~pren.d
le chemin de fes états.
Charles
ne furvé.cnt point
a
la honte de cette expédition ;
le chagrín , les inqui 'tudes lui cauferent t_me
fievre
violente dqnt il motJrut au village de Bnos, dans
une miférable chaumiere; circonftance facheufe pour
un prince qui, ne fachant pasen quoi coníifie la vraie
gloire des fouverains
~
ia,rifioit tout
a
une vaine
magnificence. Sédécias, médecin
J
uif, en qui il avoit
beaucoup de confiance, eíraya en vain de
1€
guérir
par le moyen d'un fébrifuge. La maladie
du
prince
étoit moins dans un fang altéré , que dans une ima–
gination bleífée ; on l'accufa d'avoir
~tfé
de perfidie,
&
d'avoir employé le poifon au lieu de rem.ede:
c'-eft une calomnie fuggérée par la haine que l'on
portoit
a
la nation Juive'
&
a
la jaloufie occafion'née
par la faveur dont le monarque honoroit Sédécias.
Charles-le-chauve
fut inhumé
a
Nantua, monafiere
du diocefe de Lyon, dans la Breífe. On avoit em–
baumé fon corps
a
deífein de le tranfporter
a
S. Denis;
maisl'odeur infeae de
fon
cadavre ne le permit pas
a
fes gardes ;
fes
os
n'y furent transférés que quel–
ques années apres. On ne fait
a
quel tems rapporrer
le magnifique
to~beau
qu'on voit au milieu du
-chreur de cette nche bafilique.
11
étoit dans 1a deu–
xieQle année de
Coi\
empire , la trenre-huitieme de
fon regne , la cinquante-cinquieme de fon age. La
monarchie fran¡;oi(e qll'il avoit ébranlée, ne put fe
relever fous fes fucceffeurs. Déchirée par les nobles
&
par . le clergé, qui avoient profité de la foibleífe
au
prince pour s'arroger les privileges du trone ,
elle a!la toujours en decadence; on ne la reconnoiffoit
plus que dans deux villes, lorfqu'une famille nou–
velle qui s'éleva fur les ruines de Pepin, lui prépara
quelqu.esrayons de fa premiere t'plendeur. On re–
proche fur-tout
a
Charies-le-chal.!-ve
d'avoir établi
une efpece d'hérédité par rapport aux. grandes char–
ges de l'état. Les Franc;ois obtinrent le privilege de
difpofer apres fa mort des grands fiefs en fa veur de
leurs enfans
~
ou de quelqu'un de leurs proches, s'il
leur prenoit envíe de fe retir· r dll monde ; concef–
fion imprudente' qui otoit
a
fes fucceífeursle moyen
le plus
fí'1r
de contenir leurs -vaífaux. On peut la
regarder, dit un moderne, comme l'époque de ces
feigneuries quien partageant la fouveraine autorité,
l'ont prefque anéantie. 11 a fallu bien des fiecles,
ajo ute-t-il , pour remettre les chofes daos l'état o1t
elles font aujourd'hui. Les feigneurs ne poífedent
plus de leurs anciennes ufurpations qu'un vain hom–
mage : ils ont cependant .enc.ore un droit fort pré–
cieux~
celui d'avoir des juges daos leur mouvance.
Charles
eut deux femmes, Ermentrude
&
Richilde;
de la premiere forrirent Louis, furnornmé
le Begue,
qui régna en France ; Charles ,
qui
mourut roí d'A–
quitaine; Carloman, qu'il fit a eugler pour lui ay-oír
fait la guerre; Lothaire; Drogon
&
Pepin, qui
• moururent jeunes;
J
udith, qui fut enlevée par Bau–
douin·; cette princeífe avoit été fucceffivement fem–
me de deux rois d'Aogleterre ; Rotilde
&
Erme.n–
Tome II.
CHA
34S
trude; qui furent toutes deux abbe[es I'une de
Chelles
&
de Notre-Dame de Soiffons l';urre d'Áf–
non fur la Scarpe. Richilde donna naiÍrance
a
Louis
&
a
Charles , qui tous deux moururent preJqn'auffi–
tot apres leqr bapteme.
Ce prince eut pe
u
de vices, beauc:oup
d~
défauts ·
une ambition déméfurée ,
&
pas un des talens
qui
pouvoient la fatisfaire. Les favans
&
fur-tout les
moin~s, .9-u'i~
fut récompenfer avec magnificence
~
ont falt d'muttles efforts pour épargner
a
Ül
mémoire
les taches qui
la
déshonorent ; c'efi en vain qu'ils
l'ont élevé au-deífus des Tite
&
des Antonin. L'hif–
toi~·e
, afyle inviolablt; de la vérité, en retra<;ant les
aéhons
du
prínce , a dévoilé la baífeffe des adula–
teurs,
&
diffip~
l'encens qu'ils lui ont prodigué. Au
r~íle,
on peut Juger de l'eiprit de fon fiecle par une
Clrcon_fiance de
~on
regne. Les Fran<;ois qui tenoiept
le parti _de
~othatre,
lui ayanr difputé le paífage de la
S_ei?e, 1l pnt
un~
croix,
&
fans coup férir il palla la
nv1ere,
&
les m1t tous en fui te. Un concile luí donne
le, nom
d~
roi
tres~chrétien.
Les papes l'avoient don·
n:
a
P,epm
l'ufurpa~eu~;
c'étoit un titre qui n'étoit
du qu au mornent;
il
n efi devenu propre aux rois
de France que depuis Louis
XI.
Saint Denis lui doit
la
fameufe foire du Landi, que CharlemaO'ne avoit éta–
blie
a
Aix-la-Chapelle. On place la
prét~ndÚe
papeífe
J
eanne
entr~
les papes contemporains de ce prince.
Charles,
r?i de Pr?vence
&
de Bourgogne , fut
fils de Lotha1re pre1mer; ce prince mourut en
863
d'une attaque d'épilepíie'
a
laqnelle il étoit fort
fujet: l'hifioire ne luí attribue rien de mémorabte:
L'année de fa naiífance eft ignorée, on fait feulement
que ce fut le plus jeune des fils de Lothaire.
.
Charles,
arriere-fils de Charlemagne, fiJs de Pe–
pm , roí d'Aquitai¡1e; ce prince
eJ.ltbeauc;:oup de
part da!ls les guerr€s civiles qui déchirerent l'empire
Fran¡;01s, apres la mort <le L.ouis-le-déb.onnaire ·
il
fuiyi~
le
partí
de Lothaire contre
~harle-s- le-.chau~e,
qm
·s
en venge'J. , en l',enfermant dans un clo1tre.
I~
en forrit apres avoir fait profeffion,
&
fut arche;ve·
que de Mayence: on rapporte fa mort
a
l'an
863.
Chárles,
fils de Charles -le- epauve
&
d'Ermen–
trude, fut couronné roi d' Aquitain.e, en 8 56: il fut
pllJíieurs fois chaífé du trópe par les feigneurs d'A–
quiraine, qui méprifoient fa jeuneífe
&
la foibleífe
de
Charles-le·
chat.J.ve; il mourut l'an
866,
agé d'en–
viron dix-neuf ans,
&
re¡;ut les honneurs ,de la fé–
pult_ur~
dans }'églife de Saint Sulpice
a
Bourges.
I~
avoit
~poufe
, contre le gré qe fon pere, la
fille
d'un comte, appellé
llumbert;
on attribue fa mor!:
a
un· coup d'épée qu'il re¡;ut deux ans auparavant
dans la foret de Guife, comme
il
vouloit faire peur
a
un officier qui revenoit de Ja cha[e pendant
~~
nuit.
Charles
?
autre fiJs de Charles-le-chauve
&
d.e
Richild.e, mourut au berceau. (
T-
N.)
CHARLES
III, furnommé
le Gros
ou
le Gras,
(
Hijl.
ele
France.)
xxrvue.
roi de France,
vre.
e
m~
pereur, du fang de Charlemagne : ce prince, né
pour éprou:ver tous les caprices du (ort, dut la cou·
ronne de France aux défordres qui défoloient ce
malheureux état. Les Normands enhardis par la foi:–
bleífe de .Charles-le-c.hauve,
&
les embarras de fes
fucceífeurs, conrinuoient d'en faire le théatre de
leur brigandage. Carloman, arriere-fils de ce mo–
narque, avoit conclu un traité qui, moyennant douze
cens livres pefant d'argent , les ohligeoit de s'éloi:–
gner pendant doll2.e ans dés terr€:s de Franc¡:e; mais,;
ce prince étant mort peu de tems apres la concluíion
de ce traité, ils refuferent, par une perñdie fans
exemple , d'exécuter les loix qu'ils $'étoienr eux·
memes impoféesr .Ces brigands prétendirent que leur
ferment ne les engageoit qn'envers Carloman,
&
Xx