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\

CHA

qui ordonna le duel entre Carrouge

.&

le Gris.

Charles VI.

mourut en

I

42

2.

11

éroit agé de 54 ans ;

il en avoir régné 4

2..

Son exemple montre combien

les régences éroient orageufes pendant l'anarchie du

regne féodal.

(ld-Y.)

CHARLES

VII, (

Hijl. de France.)

monta fur le trone

de France

a

l'age de

20

ans. A fon avénernent"a la con–

ronne, prefque toutes les provinces avoient paífé

fous la domination des Anglois;

&

ave e le titre faf–

tueux de roi, il comptoit peu de fujets. Le droit

de

fa

naiífance lui donnoit un beau royaume; mais

il falloit le conqu érir

a

la pointe de l'épée. Le fur–

nom de

Viélorieux

qui

luí

fnt déféré, fait préfumer

qu'il avoit les inclinations belliqueufes,

&

tous les ta–

lens qui difiinguent les hommes de guerre. L'expul–

fton des Anglois fut l'ouvrage de {es généraux;

&

tandis qu'aífoupi dans les voluptés

il

s'enivroit d'a–

mour dans les bras d' Agnes de Sorel, Dunois, la Tre·

mouille, Richemont

&

plufieurs autres guerriers ga–

gnoient des batailles,

&

lui

acquéroient des pro–

vinces. Tous les grands vaífaux de la France, dans

l'efpoir de s'en approprier qnelques débtis, favori–

foient ouver.tement les Ang!_ois qui cimenterent leur

puiífance ufurpée par deux viétoires, dont l'une fut

i·ernportée

a

Crév ant pres d'Auxerre,

&

l'autre, pres

cle

V

erneuil. La France entiere ef1t

paíf~

fous le joug

etranger, fi les ducs de Bonrgogne

&

de Bretagne ,

mécontens d·es Anglois, ne fe fuífent apper<;us qu'ils

-cornbattoient pour fe donner un maitre.Ils rerirerent

leurs troupes,

&

reíl:erent quelque tems fpeétateurs

oififs de la

querell~.

. Les Anglois affoiblis par cette efpece de défer–

tion' n·en furent pas moins ardens

a

pourfuivre leurs

conquetes; ils mirent le fiege devant Orléans, que le

brave Dunois d¿fendit avec un courage héro1que.

La diviíion qui fe mit parrni les chefs de l'armée An–

gloife ne fut pas le feul obftacle qui interrompit le

cours de leurs profpérités. Jeanne·d'Are,célebre fous

le nom de

la pucdle d'OrLéans,

fut l'infirument dont

on fe fervit pour relever les courages abattus. Cette

filie extraordinaire, qui avoit rampé dans les plus

vils détails de la campagne' crut etre la verge dont

Dieu vouloit fe fervir pour humilier l'orgueil des

ennernis de la France: elle fe rendit

a

Chinon, aupres

de

Charles

ri

l.

J

e viens ,

luí

dit-elle :. chargée par un

ordre du ciel de la double miffion de faire lever le

.fiege d'Orléans,

&

de vous faire facrer

a

Reims. Son

'ton , fa confiance étoient bien propres

i

en impofer

dans ce fiecle. Le roi

&

les grands crurent ou affeéte–

"renr de croire que fa miffion étoit divine. Elle fe jetta

dans Orléans, oit elle fut

res;ue c

omme une divinité

turélaire. Les foldats en la voya.lt marcher

a

leur tete,

fe crurent invincibles. Le carnage q1:1'elle fit des An–

·.glois dans plufieurs forties les obligea de renoncer

a

leur entreprife' apres fept mois d'un fiege dont

chaque jour avoit été marqué par des fcenes meur–

trieres.

·.

Cette fille guerriere favoit prer:tdre les villes com–

.me elle favoit les défendre; Auxerre

~

Troyes, Soif–

fons

&

Reims, fubjuguées par fes armés, furent en–

levées au'X Anglois. Les affaires de

Charles

parurent

rétablies ,

&

il

futfacré

a

Reims le I7juillet

14119 ·

La pucelle, apres avoir rcmpli fa miffion, voulllt fe

retirer; mais fur la nouvelle que les An glois for–

.moient le fiege de Compiegne qu'elle leur avoit en–

)evée,

elle fe chargea de la défendre, pour mettre

le comble

a

fa gloire. Son courage audacieux la tra–

_hit; elle fut faite prifonniere dans une fonie.

L'en~

nemi qui devoit refpeéter fa valeur, la traita en cri–

minelle: on la condnifit

a

Rouen'

Oll

elle fut con–

~arnnée

a

etre brtilée dans la place publique le 14

juin

143

r.

Son

arr~t

fur motivé pour crime de forti–

lege :

c'étoit un moyen vi{torieux pour

rendre fa

CHA

niémoire odieufe dans ce·úecle de licence

&

de eré.:

dulité.

Les crimes de la politique multiplioient les meur·

tres

&

les aífaffinats; on facrifioit les citoyens les

plus vertueux

a

la haine de ceux qu'on vouloit attiJ

rer dans fon partí. La

ré~onciliation

du roi avec le

Bourguignon fut feellée du fang du préfident Lou–

vet, accufé, fans preuve, d'avoir eu partau meur–

tre du dernier duc de Bourgogne. Le feignenr de

Giac eut

la

meme defiinée que Louvet, auquel

il

avoit fuccédé ; le connétable de Richemont lui fit

trancher la tete fans daigner infiruire fon preces. Ces

exécutions militaires dont on voyoit de fréquens

exernples, répandoient l'effroi dans le cceur du ci–

toyen.

La mort de la pucelle confierna les Frans;ois, fans

abattre leur courage : la guerre fe fit J?endant quarre

ans avec un melange de pro fpérités

&

de re ers.

París rentré dans l'obéiífance, donna un exemple

qui fut fuivi par pluíieurs autres viHes du royaume.

La

réco~ciliation

du duc de Bourgogne fit prendre

aux affatres une face no

u

velle; ce prince prefcrivit

en vainqueur des conditions que fon maitre fut hen–

reux d'accepter;

&

apres avoir été le plus zélé dé–

fenfeu~

des Anglois, il en devint le plus in1placable

ennemt.

Charles

VII

avoit

a

peine repris la

fu

p ériorit~,

que

fes profpéritésfurent empoifonnées par des chagrins

~omeíliques.

Le dauphin fon fils s'abandonnant

a

la

malignité des confeils des ducs d'Alens;on

&

de Bour–

bon, déploya l'étendart de la r évolte. Son

partí,

nommé

la pragerie,

fut bientot diffipé. Son pere in-

8ulgent jufqu'a la foibleífe, daigna leur pardonner..

La guerre fut continuée dans l.e Poiron, l'Angou–

mois

&

la Gafcogne, ou les Anglois virent chaque

jour leur puiífance décliner. lls obtinrent une treve

de huit

ffiOÍS,

qui fut

a

peine expÍrée, qtLe les hofii-.

1-ités recommencerent avec plt.1s de fureur. Les Fran–

<;ois prodiguoient leur fang pour un roi noyé dans

les délices ,

&

qui

paroi1foit plus Jaloux de régner

fur le coeur de fa ma!tretfe que fur une nation guer–

riere. Ses généraux, qui n'avoient d'autres palais que

latente,

&

d'autres amufemens que les jeux de

la

guerre, reprirent la Guyenne

d

' fendue par le va–

leureux Ta1bot. Ce héros de

l'

Angleterre fut défait

&

tué

a

la bataille de Carlile. Sa rnort porta le der–

nier coup

a

la puiífance des Anglois, qui furent bien·

tot chaífés de toutes les poífeffions qu'ils a voient en–

vahies; la Normandie rentra fous la domination

¿·e

fe·s anciens tnaitres. Cette riche province , dc:: pui-,

la

naiífance de l'ernpire Frans;ois, avoit effuyé de fré·

quentes révolutions: détachée de la France pouretre

le domaine d'un peuple de brigan ds guerriers, elle

ne fut plus qu'une province de

1

Angleterre, dont

la

valeur de fes habitans avoit fait la

conqu~te

fous

Guillaume Le Conquérant. Elle fut réunie

a

la France

fous

J

ean fans Terre,

&

reprife par les Anglois (ous

Charles VI,

dont le fils eut la

gloir~

de la faire ren–

trer fous fa domination en

1

44~L

Cette brillante con–

que te fut le prix de la viétoire de Formigni, rempor·

tée fur les Anglois qui ne conferv rent en France

que Calais, clont Edouard s'étoit emparé en

1347;

ils s'y maintinrent jufqu'en

I

5

)3 ,qu'elle leurfut en le–

vée par

le

duc de Guife. L'indocilité des Bordelois,

familiari[i's avec la douceur

du g

ouvernement An–

glois, engagea

~e

droi

a

1

,hab" t}~.

tr.Ch~

lteau-

Trompette

pour les contemr ans o e1nance.

Lorfque toute la France fut

r~unie

fotis fon légi–

time ma!tre, les loix rcprirent leur viguenr,

&

la

li·

cer1ce de la foldatefque fut réprimée: la mémoire

de

Jeanne

d'

Are fut

r~habilitée.

Ce calme dont

on

avoit

tant de befoin, fut encore troub lé par

la

révol re

du.

4auphin. Ce prince fombre

&

faro uche, apres u.n